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un amour impossible «un Amour Impossible», Romance Démancipation
Entre Rachel et Pierre l’amour est fulgurant, passionné. Elle vient d’un milieu populaire, campagnard tandis que lui est originaire d’un milieu bourgeois, intellectuel. Malgré leur différence sociale et les difficultés qu’ils rencontrent, ils ne cessent de se retrouver et d’être attirés l’un par l’autre, jusqu’à la naissance de Christine que Pierre refuse de reconnaître comme sa fille. Dès lors, les relations entre les deux amants se font plus espacées.
Ils auront une nuit pour se racheter, avant de prendre un aller simple pour l’enfer… 1987.Poker, premier long métrage, avec Caroline Cellier et Pierre Arditi. Téléchargez l’application du cinéma sur votre smartphone. Prendre un acteur qui ressemble à une gargouille pour jouer le salaud, ce n’est pas forcément intéressant ; oui, il y a une sorte de séduction, la séduction du diable, quoi. Ce n’est pas intéressant s’il est présenté tout de suite comme machiavélique, c’est peu à peu qu’on s’en rend compte, c’est lui qui dicte les règles du jeu. Chaque matin à 7h30, recevez l’actu du jour dans votre boîte mail. Copyright Stéphanie Branchu – Chaz ProductionsSe démarquant du ton abrupt du roman, la réalisatrice préfère en exploiter la veine romanesque.
Mais montrer et dénoncer sans preuve, ça fait deux ! Quand on montre quelque chose, on le voit, c’est une réalité. Une accusation sans preuve ne montre rien du tout et c’est la porte ouverte à tous les abus. Je sors totalement bouleversée par le film.Comment ai-je fait pour rentrer? Mon mari s’appelle Alain, j’ai une Camille.Ma fille aînée ne me parle plus depuis 1 an, quand elle parle de moi, elle me nomme par mon prénom.Ce film, c’est mon histoire. Drame extraordinairement réussi , proche à des réalités cachés … Un long métrage qui fait penser au même temps laisse une sensation de mal au coeur .
» Leur évolution est l’un des points forts du film comme cela était déjà le cas dans le roman. Virginie Efira est cette maman aveuglée, qu’elle incarne sur plusieurs années, de la passion naissante à l’abandon d’un homme qui a gâché sa vie et celle de sa fille jouée par Estelle Lescure puis Camille Berthomier. L’acteur Niels Schneider, césarisé pour Diamant noir, apporte une arrogance ahurissante au personnage du père vivant selon son bon plaisir sans jamais se remettre en question. « Ce n’est pas seulement une question de sexe mais aussi de classe sociale », explique Catherine Corsini à 20 Minutes. C’est ce qui rend ce récit aussi poignant que passionnant. Il serait dommage qu’il n’intéresse que ces militantes, ou les seuls admirateurs de Christine Angot. Car cet Amour Impossible, bien que racontant une histoire datée puisqu’ayant existé, a quelque chose d’intemporel dans sa façon de dire les ravages de l’inceste paternel, jusque dans la destruction des rapports mère-enfant.
« Elle », c’est l’écrivain Christine Angot, auteur du roman dont ce film est l’adaptation, et qui raconte l’histoire de sa mère et la sienne. Dans cette deuxième moitié du vingtième siècle, la domination du mâle est une évidence. Les femmes célibataires sont montrées du doigt. Avoir un enfant hors mariage vous propulse manu militari au rang peu glorieux de « fille-mère ». Tombée sous le charme de Philippe , un homme qui la méprise mais dont l’appartenance à une classe sociale supérieure et la beauté la fascinent, elle se persuade que sa fille, que son père refuse de reconnaître, est l’enfant de l’amour. Jusqu’à ce que l’amoureux de la mère, Philippe, intellectuel momentanément échoué dans les environs de la base américaine, prononce, à propos de Rachel, le mot « hébraïque ».
Plusieurs années de cet Amour impossible donc, et dont Christine Angot a raconté la tortueuse généalogie dans son roman vrai. L’adaptation par Catherine Corsini peut faire craindre une approche purement illustrative. C’est du moins ce que l’on ressent dans la reconstitution du Châteauroux années 50, ses bals et sa riante campagne où folâtrent les jeunes amants. A la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel , modeste secrétaire, rencontre Philippe, un grand bourgeois cultivé . De leur liaison passionnelle nait une petite fille, Chantal. Malgré cette naissance, Philippe, pour ne pas « trahir » sa classe sociale, va obstinément refuser d’épouser Rachel, qui va donc se voir contrainte d’élever, seule, sa fille. Au bout de dix ans d’un combat acharné, cette mère, célibataire contre son gré, parviendra quand même à ce que Philippe donne son nom à sa fille. Il la prendra dès lors avec lui pour de courts séjours. Le début d’un long calvaire pour elle, puisque son père en profitera chaque fois pour abuser d’elle. Ses rapports avec sa mère, qui ne soupçonne rien, en seront faussés.
Drame, Romance Et Biopic
Pierre refait sa vie, se marie, a de nouveaux enfants, tandis que Rachel élève seule sa fille, l’entourant de tout l’amour possible. L’histoire d’un amour impossible est celle de Rachel, une jeune femme juive d’un milieu modeste et de Pierre, un homme bourgeois nouant une certaine fascination pour la race allemande. Pierre est très clair, il ne veut pas s’engager, il tient trop à sa liberté dit-il. N’empêche qu’il accepte de faire un enfant avec Rachel pour autant de ne pas s’en occuper ni de reconnaître l’enfant. Porter à l’écran Un amour impossible de Christine Angot demande de l’audace et de la délicatesse. Catherine Corsini fait preuve des deux en adaptant, sans la trahir, cette histoire autobiographique de père incestueux et de mère qui ne s’est rendu compte de rien. A l’aube des années 60, Rachel , employée de bureau, tombe amoureuse de Philippe , féru de culture, brillant et d’origine bourgeoise. Ils ne se marieront pas, mais auront une fille que ce père ambigu mettra une quinzaine d’années à reconnaître. Un combat qui va briser la vie de Rachel et celle de sa fille, jusqu’à la révélation d’un terrible secret.
Christine Angot a largement contribué à l’autofiction dans ses romans, dont “Un amour impossible” que Catherine Corsini (“La Belle saison”, “Partir”) adapte avec tact. Sujet difficile que celui d’évoquer sur une quarantaine d’années la vie d’une femme bouleversée par un inceste, qu’interprète une magistrale Virgine Efira.
A la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, employée de bureau, rencontre Philippe, un fils de bourgeois, à la cantine de son travail. Quand Rachel tombe enceinte, Philippe refuse de l’épouser et ne veut pas reconnaître l’enfant. Sa famille n’accepterait pas cette mésalliance. Rachel accouche d’une petite fille prénommée Chantal. La jeune femme ne veut pas que son enfant grandisse sans père. Elle va voir le père de Philippe et lui demande son aide. Quand Philippe intervient enfin dans la vie de Chantal, c’est à la fois une joie et une souffrance pour Rachel. Eblouie par le milieu dans lequel évolue son père, l’adolescente se montre dure avec sa mère… Copyright Stéphanie Branchu – Chaz ProductionsAutour de ce triangle amoureux père/mère/fille complexe, Catherine Corsini et sa coscénariste attitrée Laurette Polmanss bâtissent un récit scindé en trois étapes distinctes.
Mais c’est par la sensibilité à fleur de peau de ses personnages que le récit touche tant. Dans l’installation d’une situation, son développement et ses aboutissants. Un film poignant de bout en bout, bouleversant, révoltant. Avec sa froideur nonchalante, clairsemée d’élans sentimentaux et surtout sexuels, les mots abjectes qu’il lui lance, déductibles d’une différence sociale revendiquée, Philippe est un être ignoble. Son acceptation par cette “femme douce” qui sait toutefois ce qu’elle veut, ne fait pas d’elle une faible femme. Les transformations physiques de Virginie Efira, pour évoquer presque 40 ans de vie, sont remarquables, alors que l’actrice compose une interprétation de premier ordre, toute en subtilité, sans doute son meilleur rôle. Elle atteint une extrême intensité et aurait pu ne pas avoir lieu. On ne la recherche pas, elle ne surgit pas non plus.
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Cest pas lhistoire dune petite bonne femme, aveuglée et qui perd confiance, cest pas lhistoire dune idiote, non. Cest quelque chose quil ta fait à toi aussi, avant tout. Pour humilier quelquun, le mieux cest de lui faire honte, tu le sais. Et quest-ce qui pouvait te rendre plus honteuse que ça, que de devenir, en plus de tout le reste, alors même que tu penses être sorti du tunnel, la mère dune fille à qui son père a fait ça ? Tu as été rejetée en raison de ton identité maman. Et ce rejet allait jusquà faire ça à sa fille. Et il a fallu que la logique soit poussée jusquau bout. Quelquun comme toi devait rester dans la voie sans issue. Un intérieur du tunnel, là où on voit rien justement.
Pierre séduit Rachel mais refuse de l’épouser. Il accepte cependant d’avoir un enfant avec elle, Christine, qu’elle devra élever seule. A ladolescence, Pierre reconnaît officiellement sa fille, qui, fascinée par ce quil lui fait découvrir, séloigne de sa mère. Bien plus tard, Rachel apprend que Pierre viole Christine depuis des années.
Critiques 18 Citations
Hristine Angot a reçu aujourd’hui le prix Décembre pour son roman Un amour impossible . N se réjouit de voir Christine Angot couronnée par ce prix Décembre (ex-Novembre) qui lui va comme un gant. Prix un peu en retrait, prix loin des flonflons ordinaires de la petite cuisine littéraire, prix que lui ont attribué Adler, Bergé, Savigneau et autres Sollers. Prix avec une touche de mélancolie hivernale et une consonance festive. N aurait aimé, face au film de Catherine Corsini, n’avoir pas lu Christine Angot. Entrer dans Un amour impossible sans a priori, entrer dans le film sans la connaissance de la suite, du destin de son héroïne. 2015.La Belle Saison avec Cécile de France et Izïa Higelin, une histoire d’amour entre deux femmes. AVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés.
Cela se fait par heurts, par petites scènes furtives… C’est comme un long et très difficile accouchement. Jeune paysan simple d’esprit mais d’une bonté exceptionnelle, Lazzaro vit à l’Inviolata, un hameau resté à l’écart du monde. Il est un peu l’homme à tout faire des habitants de ce hameau, qui eux mêmes vivent comme les serfs des siècles passés, exploités qu’ils sont, sans s’en rendre compte, par la propriétaire du lieu, la marquise Alfonsina de Luna. « C’est quand même une histoire de reconstruction malgré tout », confie Catherine Corsini, réalisatrice de ce film adapté d’un roman de Christine Angot, avec Virginie Efira dans le rôle de la mère abandonnée. Catherine Corsini peaufine son adaptation tant dans l’écriture, la réalisation que sa direction d’acteurs.
À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d’une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c’est pourquoi elle se bat pour qu’à défaut de l’élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille. À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d’une famille bourgeoise.
C’est peut-être là que le combat s’engage entre le jeune homme issu de la bourgeoisie parisienne et l’employée provinciale. En ce moment où – sous le couvert de l’érudition – l’homme laisse poindre l’antisémitisme de sa classe, où la femme amoureuse choisit de ne pas entendre l’intonation discrètement haineuse qu’il donne à l’adjectif. « Christine Angot a aidé à libérer la parole des femmes, insiste Catherine Corsini. J’admire le courage dont elle a fait preuve en racontant son histoire. » La mère, incarnée par une Virginie Efira toujours plus convaincante de film en film, n’est pas qu’une victime et sa fille non plus ! « C’est ce qui m’a intéressée dans leurs personnages, précise la cinéaste. Elles se prennent en main tirant une force inouïe de leurs épreuves.
Enfin le dernier acte nous laisse au bord de la tragédie quand survient la reconnaissance de Chantal par son père. Si ce brusque revirement semble sceller la victoire tant attendue de Rachel, il se révèle vite n’être que l’humiliation suprême que lui inflige cet homme que l’on découvre sous les traits du pervers narcissique. Un Amour impossible, l’adaptation, par Catherine Corsini, du roman autobiographique de Christine Angot, avec Virginie Efira et Niels Schneider. À Châteauroux, à la fin des années 50, Philippe, issu de la grande bourgeoisie parisienne , s’éprend, dans un bal populaire, d’une jolie et modeste dactylo à la Sécu, Rachel . Hors de question, pour Philippe, d’épouser Rachel, qui n’est pas de son milieu. Une fille, la future Christine Angot, naît, en 1959, de cette liaison. Elle sera élevée par sa mère, le père refusant de la reconnaître.
Christine est devenue Chantal ; Pierre, Philippe. Comment priver cette figure de ce nom, seul héritage d’un père juif absent ? Sur l’affiche d’« Un amour impossible », les personnages sont à Gérardmer, où quelques séquences du film ont été tournées au bord du lac. « Ma mère allait à Gérardmer avec mon beau-père, ça me faisait un peu rêver cet endroit, pour moi, ça représentait ces années-là, on est en 63 dans l’histoire, des endroits où les gens de la middle-class allaient se payer des vacances », précise Catherine Corsini. Interview de la cinéaste, Place Stanislas à Nancy, lors de l’avant-première de son film au Caméo. Cest pas une petite histoire personnelle tu comprends, ce nest pas une histoire privée. Là cest lorganisation de la société qui est en jeu, à travers ce qui nous est arrivé.
L’implication De Christine Angot
En 1990, Vu du ciel abordait déjà ce sujet, en 2012 Une semaine de vacances le reprendra, suscitant à chaque fois pléthore de réactions élogieuses et autant de rejets virulents. J’avais correspondu avec elle par mail, des échanges sur des détails dont j’avais besoin, on a eu une correspondance merveilleuse, c’est une femme qui a des souvenirs extrêmement précis et qui écrit aussi très bien. Pour son dixième long-métrage, Catherine Corsini choisit d’adapter le roman autobiographique de Christine Angot et signe un film d’amour vibrant. Mais avant tout voici l’histoire d’une vie, le portrait infiniment touchant d’une mère, sa mère, qu’après bien des blocages et des appréhensions Christine parvient finalement à composer, replaçant enfin sa propre vérité dans son contexte essentiel. Amour impossible que celui qui donnera pourtant naissance à la petite Christine puisque c’est bien l’histoire de ses ascendants que Christine Angot relate au long de ce nouveau roman. Tous les amours sont impossibles, tous les amours font souffrir, certains amours réchappent mystérieusement et surtout l’auteur rend vivante, lumineuse , vraie,la relation mére- fille qui domine et rayonne même si le portrait est sans complaisance….. L’amour maternel devient alors pour Rachel et Christine le socle d’une vie heureuse. Pierre voit très peu sa fille, des années plus tard, Rachel apprend qu’il la viole,le choc est immense.
Virignie Efira et Niels Schneider incarnent les parents de la romancière dans des compositions particulièrement inspirées. Chaque jour de nouvelles chroniques, actualités et commentaires … 1999.La Nouvelle Ève avec Karin Viard sur une trentenaire hésitante mais prête à tout pour vivre une relation amoureuse. Niels Schneider et Virginie Efira dansUn amour impossiblede Catherine Corsini, adapté du livre de Christine Angot. Catherine Corsini adapte avec pudeur le roman de Christine Angot dans un film émouvant porté par les interprétations de Virginie Efira et Niels Schneider. Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation. Changement de rythme et de ton ces jours-ci avec Un amour impossible, récit tout en maîtrise et en dialogues naturels, lesté de sa part d’ombres, bien sûr, mais baigné d’une splendide lumière. A la fois digne, apaisée et comme happée par une urgence nécessaire, Christine capte les mots, les mots bruts et les maux anciens, avant qu’ils ne s’échappent de ce présent qu’elle entend retranscrire. Elle écrit comme on parle, Christine, en flux continu.
Copyright Stéphanie Branchu – Chaz ProductionsMais il est plus que probable que ce film n’aurait pas eu la même portée sans la présence de ce couple de comédiens choisis fort à propos. Virginie Efira a déjà moult fois prouvé qu’elle avait la capacité de se glisser dans la peau de personnages divers et variés. L’incarnation juste et nuancée de cette femme digne et à l’émotion sans cesse contenue lui accorde une nouvelle ampleur. Le mépris de Pierre passera forcément par le viol de la fille aprés l’humiliation de la mére . Un amour impossible est un livre implacable même si l’on sent un apaisement dans les dernières pages du texte qui s’achève sur les mots”ici et maintenant” comme sur un nouveau départ possible…. Si ce n’était qu’une histoire, on pourrait espérer que l’héroïne va échapper au prédateur, que les mutations du monde vont la porter jusqu’à la libération, à l’autonomie. On sait alors que l’arrangement qu’a trouvé Catherine Corsini entre sa propre mémoire de femme, son scénario, ses acteurs, sa manière de cinéaste, portera Un amour impossible jusqu’à sa destination.
Regarder Ce Film
Avec LInceste publié en 1999, la romancière avait été lune des premières à briser le silence. Elle a continué à dénoncer ces crimes, dont celui commis par son père dans Une semaine de vacances et Un amour impossible. Dans les dernières pages, la discussion mère-fille au sujet du personnage du père et de sa relation avec Rachel est parfaitement analysée.
L’interprétation de tous les acteurs est extraordinaire. Nous espérons les revoir encore et encore dans d’autres films.
C’est un film très ambigu où Catherine Corsini parvient à raconter comment une jeune fille va se jeter dans les bras de son père par jalousie envers sa mère, au moment où elle la déteste. Elle filme extrêmement bien cette rivalité furieuse entre deux femmes, l’une privée de son père, l’autre privée de son mari. Cinéaste féministe engagée, Catherine Corsini a le chic pour dégoter des sujets dont elle tire des films captivants.
Petit à petit , ce chapelet de non- dits et de non amour, de mépris,devient nôtre…….Christine Angot traque le mot exact, aiguise sa phrase, égratigne et laboure nos profondeurs intimes…. Lui, le fils de famille refuse de l’épouser mais ils font un enfant…. Ce n’est pas parce que vous ne connaissez pas ce monde qu’il n’existe pas. Les 3/4 des viols se font dans la cellule familiale ou proche.
«a Nos Enfants», La Mère, La Fille Et Le Trop Sain Esprit
Celle de Chantal pour dire ce qu’elle a vécu et livrer son analyse sociale de la violence sexuelle de son père. Celle de Rachel pour dire son sentiment de culpabilité face à l’impensable. Avant les mots d’une lumineuse réconciliation qui font de ce portrait de femme une bouleversante déclaration d’amour à la mère. Le classicisme de la mise en scène s’accorde également à l’ampleur temporelle de la narration qui court sur quatre décennies. Des ellipses maîtrisées font glisser les années sur les personnages qui grandissent ou vieillissent.
Avec une écriture précise et sans le moindre larmoiement ou exagération, le récit de Christine Angot décortique l’amour impossible, l’amour maternel, l’amour aveugle, l’amour perdu et donne le ton aux mots. J’ai vraiment rarement vu un film aussi plat ! On ne croit en rien, ni aux personnages, ni à leur histoire d’amour abracadabrante.
Niels Schneider : « Comme Tout Pervers, Il Se Cache »
Associée à une mise en scène toute en sobriété, elle installe la juste distance entre le spectateur et les événements relatés en amortissant ainsi la cruauté et laissant à chacun la liberté de les vivre selon son propre ressenti. En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit. La passion amoureuse, elle, est liée au surgissement. Les gens veulent l’amour conjugal parce qu’il leur apporte un bien être, une certaine paix. C’est un amour prévisible puisqu’ils l’attendent , qu’ils l’attendent pour des raisons précises.
Dans le Châteauroux des années 1950, Philippe assume sans complexe son antisémitisme à l’égard du père juif de Rachel, la jeune femme n’a pas le droit de porter un pantalon au travail et la société désapprouve son statut de « fille-mère ».
Le seul homme est représenté vraiment comme diabolique, mais elle n’en veut pas aux hommes, Christine Angot, c’est plus le combat de classes qui l’intéresse que le combat masculin-féminin.
Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c’est pourquoi elle se bat pour qu’à défaut de l’élever, Philippe lui donne son nom.
Catherine Corsini Cristallise Quelque Chose De Très Complexe, Selon Xavier Leherpeur
Si vous voulez fermer les yeux c’est votre droit, mais nier une réalité est une démarche insidieuse. J’ai eu la chance de voir le film en avant-première, rarement un film m’avait touché à ce point.
Très vite pourtant, elle se détourne de l’interprétation pour se lancer dans l’écriture et la réalisation. En 1988, après trois courts-métrages, tous primés, elle se lance dans le long, avec Poker, un film noir interprété par Caroline Cellier et Pierre Arditi. Après un court détour par le petit écran, elle revient au cinéma en 1994 avec les Amoureux qui explore les relations ambiguës d’un frère et une sœur. En 1999, elle change de registre et s’essaie à la comédie avec La Nouvelle Eve. Après ce film qui la fait connaître du grand public, elle tournera plus régulièrement. Vont s’enchainer, ou presque, La Répétition , Mariées mais pas trop , les Ambitieux , Partir , Trois Mondes et la Belle Saison . À Niels Schneider revient la lourde charge de rendre Philippe aimable, au sens fort du terme.
Catherine Corsini offre une adaptation sensible d’un livre réputé sulfureux. Avec ce polar très réussi, superbement vintage, Drew Goddard, révélé il y a six ans par son génial La Cabane dans les bois, confirme qu’il a sa place parmi les plus grands. Concernant l’intrigue, on n’en dira pas plus. Mais sachez que ce polar en trompe-l’œil est porté par un récit dingo, une réalisation à la fois pleine de trouvailles et volontairement très lente (on a ainsi le temps de déguster chaque plan !), et surtout une distribution cinq étoiles. Voir Jeff Bridges en prêtre alcoolo, Dakota Johnson en flingueuse invétérée, ou encore Chris Hemsworth en hippie paumé est un délice. Situé au bord du lac Tahoé, aux confins de la Californie et du Névada, l’hôtel El Royale, autrefois louche et luxueux, est devenu miteux. Désormais déserté, il constitue un repaire idéal pour ceux et celles qui n’ont pas la conscience tranquille et cherchent à se planquer. Une nuit, sept personnes, dont une chanteuse, une femme fatale, et un braqueur de banque y débarquent. Elles ne se connaissent pas, mais ont toutes quelque chose à se reprocher.
Si Vous Aimez Ce Film, Vous Pourriez Aimer
Quand elle est la on est frappé de son évidence. Elle a pour particularité de se vivre avec des êtres dont on n’imaginait pas l’existence , ou qu’on pensait ne jamais connaître. La rencontre inévitable est imprévisible, incongrue, elle ne s’intègre pas à une vie raisonnable. Mais, elle est d’une nature tellement autre, qu’elle ne perturbe pas l’ordre social puisqu’elle y échappe.
Un sentiment de culpabilité s’immisce petit à petit entre la mére et la fille. Christine repousse sa mére aprés l’avoir adulée pendant son enfance….. Chaque jour, la rédaction et l’ensemble des métiers de Télérama se mobilisent pour vous proposer sur notre site une offre critique complète, un suivi de l’actualité culturelle, des enquêtes, des entretiens, des reportages, des vidéos, des services, des évènements… Qualité, fiabilité et indépendance en sont les maîtres mots. Or, il n’en est rien et je ne vois rien de positif à l’horizon avec toute cette haine qui apparaît comme une forme de racisme. Je me désolidarise totalement de ces femmes-là, ce qui ne veut pas dire que je ferme les yeux mais il y a vraiment de l’abus. Je crois que personne n’a jamais, du moins en Occident, pensé que le viol était une chose normale. Mais la dénonciation publique, anonyme et sans preuve, pudiquement nommée libération de la parole n’est pas une chose normale non plus. Ce n’est pas une bonne façon de mener un combat. Ce film est criant de vérité et nous sommes figés tout au long du film.
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Avec son physique de Jean Marais mâtiné de Gérard Philipe, il confère à son personnage une envoûtante séduction. Elle est essentielle pour comprendre pourquoi Rachel reste amoureuse lorsqu’il la prévient qu’un mariage avec une fille d’une condition inférieure à la sienne est totalement exclu, part et revient à sa guise, refuse longtemps la reconnaissance demandée. Incarnée par différentes actrices à tous les âges, Chantal est campée adulte par Jehnny Beth, troublant alter ego de Christine Angot dont elle partage la rude scansion. Fidèle adaptation du roman de Christine Angot par Catherine Corsini, ce portrait d’une mère célibataire, des années 50 à nos jours, révèle un drame familial prolongé et le trauma d’un inceste.
“un Amour Impossible”
Dans son adaptation, Catherine Corsini reste très près du texte, mais elle met le point de vue de la mère et de la fille. Elle réalise un film très riche et bouleversant car il met le doigt sur le lien incroyable qu’il y a entre une mère et sa fille qui ont des souffrances différentes mais causées par le même homme. C’est un lien qui les a dévastées mais qui a aussi fait d’elles des personnes incroyables. C’est au dernier tiers du film que cette belle narration se gâte un peu. Contrairement au roman, où Christine Angot raconte crûment l’inceste, Catherine Corsini choisit de n’en rien montrer. Pour compenser, la cinéaste fait parler ses personnages. Jusque là d’une sobriété exemplaire, le film bascule, devient bavard et maladroit. D’autant plus que les deux comédiens en charge des rôles principaux sont tout bonnement sensationnels.
Un Amour Impossible
Parce qu’une autre personne est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. L’espace des contributions est réservé aux abonnés. Dans le même mouvement, presque incidemment, le paysage change, la vieille maison entre ville et campagne est abandonnée pour un HLM ; après 1968, Rachel travaille un temps dans un hôpital psychiatrique qui tourne le dos aux vieilles thérapies. C’est en la montrant qu’on peut la combattre ?.
Et dans la deuxième partie, grâce aux ellipses, Catherine Corsini parvient à cristalliser quelque chose de très complexe. À l’inverse, je pense que ce film met longtemps à se mettre en place, et quand il rentre dans le conflit c’est très puissant. En forme de conte, ce film, singulier, poétique, formellement très beau, qui aurait pu avoir pour parrains Fellini ou Pasolini, avait été sélectionné, pour la compétition cannoise. Il en était reparti, à juste titre, avec le prix du scénario.
« Un Amour Impossible » Et Un Possible Amer
Une voix off insupportable insuffle des détails sans intérêt, pour tenter de consolider une histoire peu crédible. C’est un film qui reconstitue un vrai drame, celui du sous-marin nucléaire russe Koursk qui, en août 2000, à la suite de deux explosions encore inexpliquées, envoya à la mort, dans la mer de Barents, tout son équipage. Sur les 118 personnes qui périrent, on sait aujourd’hui que 23 auraient pu être sauvées si la Russie n’avait pas obstinément refusé toute aide internationale pendant neuf interminables jours. Un amour impossible est le dixième long métrage de cette réalisatrice, qui par ailleurs milite activement, notamment pour les droits de la femme, contre le racisme et les violences conjugales. La jeune femme hésite d’abord entre l’interprétation et la réalisation, avant de devenir scénariste et de tourner quelques courts métrages. En 1999, Christine Angot publiait L’Inceste, son septième livre et son premier succès dans lequel elle racontait les réminiscences des relations sexuelles imposées par un père à une adolescente.
Sa reconstitution des différentes époques des années 60 aux années 2000 est parfaitement ajustée, dans la précision des costumes, des décors et de tout l’environnement.
Catherine Corsini Adapte Christine Angot Au Cinéma Découvrez Les Avis Du Masque Sur un Amour Impossible
Quelques années plus tard, pour Rachel, le progrès prend la forme d’un logement dans un grand ensemble et d’une promotion à Reims. Mais il faudra attendre encore longtemps pour que la parole se libère.
« Un Amour Impossible » : Catherine Corsini Au Plus Près Des Maux Dangot
Il y avait quand même une domination masculine dans les années cinquante-soixante, on ne peut pas l’occulter, elle est encore là aujourd’hui. « Un amour impossible » va nous emmener dans un drame humain bouleversant aux dimensions et au cheminement insoupçonnés ! Virginie Efira se frotte ici à un rôle de mère et de femme, complexe, difficile, tout en finesse dans lequel elle s’en sort haut la main ! L’actrice insuffle à ce drame toute la sensibilité requise et nécessaire afin de le rendre limpide, palpable et puissant à la fois. Née à Dreux en 1956, Catherine Corsini commence par rêver d’être comédienne. Dès son arrivée à Paris, elle s’inscrit donc au Conservatoire dont elle passe avec succès le Concours.
Même si l’on a lu le livre, si l’on sait la tragédie qui en forme le noyau, le récit de la liaison entre Philippe et Chantal donne un moment l’illusion d’un thriller. Virginie Efira donne une force radieuse à son personnage, mais aussi un aveuglement fragile qui lui fait ignorer la toxicité qui se dissimule sous le charme de son amant. Niels Schneider distille ce poison implacablement. Le personnage passe progressivement d’une violence, très injuste, à l’égard de sa mère, à l’entendement, l’empathie, la compréhension…
J’aurais voulu écrire une histoire pareille, je n’y serai pas arrivée parce que la vie est quelque fois encore plus forte que la fiction et que ce qu’on peut imaginer. Catherine Corsini, qui cosigne le scénario, accapare l’attention dès ses premières scènes et ne nous lâche plus jusqu’au bout de ses 2h15 de film. Presque 40 ans d’une vie de femme, modeste et forte, amoureuse, aveuglée par l’amour qu’elle porte pour un homme pervers, et qui ne discernera pas les abus commis sur sa fille.
Pour elle c’est une passion, pour lui ce n’est qu’une « rencontre inévitable ». Lorsqu’il part, il lui laisse une petite broche et une fille « née de père inconnu » qu’il traînera à reconnaitre (« Je vais réfléchir », dit-il). C’est donc seule que Rachel élève sa fille au fil des années ; lorsque le lien se renoue avec le père, ce sera pour le pire et l’ignoble. Comme le roman, le film de Catherine Corsini s’écoule tumultueusement sur plus d’un demi-siècle, de la rencontre entre Rachel et Philippe , la mère et le père de la narratrice, jusqu’à l’ultime confrontation entre les deux femmes, l’enfant violée et la mère aveuglée. Entre les deux, il y aura une histoire d’amour, la chronique d’une libération inachevée, la commission et la révélation d’un crime. Ces témoignages sont essentiels, quoique vous en pensiez. Angot a raconté lors de la sortie du livre original de ce film qu’elle pensait que les viols qu’elle subissait de son père était normal, que tous les papas faisait ce genre de choses avec leur fille. C’est en libérant la parole qu’on protège les victimes d’abus, pour qu’elles aussi elles prennent conscience que non, le viol n’est pas une chose acceptable. Tout le monde le comprend, les femmes comme les hommes, qui prennent eux aussi conscience de l’existence d’une réalité et qui se battent pour changer les choses, pour protéger leurs sœurs, leurs femmes, leurs filles… Vous ne connaissez pas cette réalité, le viol, l’inceste….
Informations Légales Le Monde
Je suis très heureux pour vous, personne ne devrait la connaître, mais elle ne doit plus être caché et non exposé. C’est en la montrant qu’on peut la combattre. Le roman « Un amour impossible » évoque l’histoire du père incestueux de Christine Angot et de sa mère qui n’a rien vu. Pour restituer l’écriture sèche du roman, Catherine Corsini a choisi une réalisation au classicisme assumé. Loin d’assécher le récit, il le sert en s’écartant de tout pathos dans une émotion pudique. Il sied aussi à ses personnages, Rachel dans la retenue et Philippe à une distance perverse. Tout comme le livre, le film se tient résolument du côté de Rachel et ne montre pas l’inceste. Le long-métrage conserve la dimension littéraire par le commentaire qui restitue les mots de Christine Angot, plus effacés au fur et à mesure que Chantal, son double à l’écran, s’exprime.
Fin des années 50, Rachel, incarnée par Virginie Efira (qui joue aussi une coach dans « Le grand bain » de Gilles Lellouche), est une jeune fille charmante qui travaille à la Sécu, à Châteauroux. C’est à la cantine qu’elle rencontre Philippe, interprété par Niels Schneider (qui incarne Saint-Just dans « Un peuple et son roi » de Pierre Schoeller), un bourgeois « fagoté comme un as de pique, mais il parle bien ».
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Pas de fioritures, une expression factuelle, si simple en apparence et pourtant de cette élémentaire alchimie des phrases émane une grâce primitive qui m’a profondément émue. Rachel, la maman, gagne sa vie comme secrétaire et entoure Christine de beaucoup de douceur ainsi que toute sa famille proche. Christine Angot nous raconte son enfance, sans père certes, hormis quelques visites furtives. Amour fusionnel entre Christine et sa mère, elles se complaisent l’une avec l’autre sans trop se préoccuper des arrivées épisodiques de Pierre. Elle dépeint avec sincérité, vérité, authenticité, sur le fil du rasoir, émotion et simplicité une histoire simple, forte et poignante, un grand- pére absent, une grand- mére adorée, un père eloigné manipulateur et pervers, une mére humiliée et méprisée… Christine Angot met en scène une relation très complexe entre amour inconditionnel pour une mére et ressentiment.
La narration fluide et classique ne se place que du point de vue de Rachel et évite ainsi tout scène scabreuse.
Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Lors de séjours répétés avec sa fille, il va commettre un irréparable et cruel inceste. À l’adolescence, Pierre se rapproche de sa fille mais le drame survient. Christine subit des rapports incestueux avec son père. Pour ce faire, le soutien et la fidélité de nos abonnés est essentiel. Nous vous invitons à rejoindre à votre tour cette communauté en vous abonnant à Télérama. Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume réunis autour de Jérôme Garcin pour parler cinéma, théâtre ou littérature. C’est un film chaotique, sur la complexité d’aimer ses parents et de pardonner leurs erreurs.
Mal De Pierres
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Niels Schneider, qui joue avec une froide retenue, son personnage d’amant manipulateur et père incestueux; et Virginie Efira, qui bouleverse en mère courageuse et amoureuse brisée. Jusqu’à ses deux tiers, le scénario est formidable, qui mêle adroitement histoire d’amour unilatérale et chronique sociale. A travers ce parcours d’une femme malheureuse mais combattante, qui va vite devenir une mère aimante et responsable, on perçoit les difficultés de la France provinciale de l’après-guerre, empêtrée dans ses préjugés et ses diktats moraux. Je n’avais aucune idée d’actrice en écrivant le scénario, c’était compliqué, je n’avais pas de révélation. J’ai rencontré Virginie à un festival, je l’ai vue et c’était elle le personnage, elle a cette espèce de force, d’engagement, elle peut vraiment jouer quelqu’un de populaire, elle a un côté maternel et cette puissance. Elle avait lu le bouquin et elle avait très envie de ce personnage, on a fait une journée d’essais pour voir si ça fonctionne, si on s’apprécie. Je ne l’avais vue que dans « Victoria », elle était plutôt reconnue comme une actrice de comédie, mais je pense qu’elle a pris un virage incroyable et avait prouvé en faisant ce film qu’elle avait une puissance de jeu démente. C’est la première fois qu’elle allait vers ce type de rôle, il y avait à défricher ensemble, ce qui était enthousiasmant, de travailler sur une zone qu’elle ne connaissait pas.
Observatrice de ce drame en trois parties – l’amour, la solitude, l’inceste -, la cinéaste le filme sans froideur ni sentimentalisme. Elle trouve la “note bleue”, la note juste, en demi-ton, sans jamais édulcorer un récit romanesque en puissance. Oui, mais c’est un salaud pas ordinaire, c’est un salaud qui a beaucoup d’intelligence, une grande conscience de lui-même, qui est cultivé, qui joue de son rapport de pouvoir et de séduction, de domination ; ça rappelle tous les combats d’en ce moment sur la domination. Le film fait vraiment écho avec des thèmes qui sont apparus aujourd’hui, où on se rend compte combien de femmes ont subi cette domination. Sans théoriser, on reste dans une espèce de flou, d’émotion, alors que là il y a quelque chose de très idéologique, qui pèse, mais qui leur permet de s’extraire. C’est quand même aussi une histoire de reconstruction malgré tout, il y a des gens qui ne s’en remettent jamais, et justement grâce à ce discours qu’elle arrive à s’en remettre, elle arrive à articuler quelque chose, c’est sa force à Angot, c’est là où elle est admirable. En écrivant le scénario, Catherine Corsini et Laurette Polmanss ont retiré aux protagonistes les patronymes et prénoms de la réalité qu’avait conservés Christine Angot.
C’est à prendre en compte quand même, je ne sais pas si c’est un film de femmes, mais en tout cas c’est un combat de femmes.