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l amour et les forets L’amour Et Les Forêts De Eric Reinhardt Roman
En effet, la première image que nous avons de lui est celle d’un homme effondré après avoir entendu à la radio la description du harcèlement domestique dans laquelle il a cru se reconnaître. Les pervers narcissiques sont plutôt connus pour ne jamais rien admettre, tout nier en bloc, n’éprouver ni repentir ni émotions et, inversement, se positionner eux-mêmes en victimes. Un pervers narcissique ; un manipulateur, peut-être à son insu même ; mais finalement un criminel, coupable des souffrances qu’il procure, qu’il en soit ou non responsable. Cet homme, c’est celui de la vie de Bénédicte Ombredanne, son époux et le père de ses enfants. Celle-ci, faute de s’aimer assez pour oser croire mériter mieux, l’a suffisamment côtoyé pour se retrouver totalement prise à ce piège insoupçonnable par le monde autour. S’extraire de la banalité du réel pour connaître une expérience inoubliable, récurrente, addictive, de plus en plus merveilleuse, de plus en plus enchanteresse, dans les bras d’un homme, dans un recoin secret de la réalité, et de son existence. Je m’en souviens, elle m’en a parlé en ces termes, en me donnant tous ces détails, comme si vraiment elle y pensait souvent. J’ai trouvé beau que ce soit ça son rêve, mais en même temps ça m’a un peu attristée car j’ai compris que Bénédicte rêvait sa vie, elle rêvait la vie qu’elle aurait aimé avoir, sa vie était en grande partie virtuelle.
Alors elle offre sa vie à Reinhardt pour qu’il la magnifie. Et il trouve la forme chahutée, sensuelle, abrupte, en flash-back et monologues, pour témoigner des torturantes humiliations domestiques. Jusqu’à la désolation d’être ; jusqu’à la suicidaire reddition à plus fort que soi.
Bénédicte est tellement passive que la narration choisit par l’auteur n’inclut pas son point de vue.Sa psychologie est très fine. Bénédicte c’est un personnage, mais cela pourrait être votre collègue, votre voisine, votre sœur… C’est une femme au sourire de façade et qui derrière le vernis se fendille de toute part.
J’ai aimé le style fluide de l’auteur, un texte facile d’accès, et profondément humain. Un livre qui nous donne une gifle, puis deux puis trois…des rebondissements puissants inattendus mais bien placés. Prenez ce livre de toute urgence, il est drôle mais aussi poignant.. Commencez à lire L’amour et les forêts sur votre Kindle en moins d’une minute. Sélectionnez la section dans laquelle vous souhaitez faire votre recherche. Repensons à cette journée comme on regarderait un tableau au musée. Dans cette ronde incessante et compacte, culpabilité, douleur, euphorie, révolte, remords, joie, peur, bonheur, désir, excitation, indécision et amertume étaient le linge humide et lourd qui tournoyait dans ses entrailles. Je voyais mal comment atteindre un bonheur équivalent à celui que j’avais atteint en terminant mon dernier livre, il me paraissait difficile de reproduire les conditions qui permettraient que ce mouvement miraculeux se reproduise. Son salut pourrait-être dans cette rencontre mais l’emprise est réelle. Le lendemain, elle passera du virtuel au réel et succombera une seule fois au charme, à la douceur, à la tendresse de Christian qui est l’opposé de son mari.
Je reste persuadé que Reinhardt est passé à côté d’un chef d’oeuvre. Pour la jeune femme, alors âgée de 36 ans, c’est une révélation, elle offre le livre à tout-va. Et sur le site de l’éditeur, fait part de son enthousiasme en laissant son adresse mail. Le romancier la contacte pour la remercier, le courant passe, le ton est amical, respectueux. Ce que vit ce personnage est tour à tour merveilleux et affreux.
Aucune métaphore ne sonne faux, chaque scène du récit est un trésor de détails. Du tir à l’arc en forêt à la cafeteria d’un hôpital psychiatrique, du salon de massage au site de rencontres sur internet, le lecteur est plongé dans des univers apparemment improbables qui communient pourtant sous une plume harmonieuse et précise. Servie par une écriture d’une honnêteté fébrile, fluide comme l’est un fleuve pas très tranquille, une langue crue éclaboussée de poésie, émaillée de sa Majesté des Morts. La vallée des fleurs est une puissante évocation de la jeunesse du Groenland, cette jeunesse avec autant d’envies d’ailleurs que de désespoir dans les veines. Une bouleversante histoire faite de rêves, de déceptions et de confins. Un livre magnifique parce qu’il ne refuse rien, pas de poussière sous le tapis, pas de fausse pudeur. Parce qu’il parle comme un cœur ému, grave et tragique, drôle et amer.
Mais l’humain ne se résout jamais à vivre enfermé (au sens propre comme au figuré), et Bénédicte trouve le moyen pour une journée de goûter à la liberté à travers la passion amoureuse.
Sans répugner à se mettre en scène — comme dans ce court dialogue de L’Amour et les forêts — il jongle avec fascination entre les histoires économico-politiques d’aujourd’hui et les abîmes intimes romantiques.
Des tout premiers jours à l’âge adolescent, les parents découvriront, à chaque page de ces 4 livres, une phrase à méditer.
Le Bonheur Dans La Névrose Conjugale
Si on va au-delà de la tentation du cliché psychologique et de l’analyse superficielle, on peut ressentir de la compassion pour le personnage de l’épouse comme pour celui du mari. Malaimé depuis l’enfance, épousé par dépit et enfin trompé, sa souffrance est légitime. Ces deux là se sont mariés pour les plus mauvaises raisons, tels deux noyés qui à la recherche d’une bouée, s’agrippent l’un à l’autre pour sombrer ensemble.
Une seule et unique incartade qu’elle paiera cher, très très cher longtemps durant. Poussée à l’extrême Bénédicte passera alors par tous les moyens qui allaient, au moins momentanément la soustraire de son calvaire quotidien.
Lamour Et Les Forêts, Eric Reinhardt Gallimard, 2014
Cette inégalité se retrouve dans les sensations d’authenticité. Manifestement, Eric Reinhardt a testé les sites de rencontres sur internet au point d’être capable de nous restituer toute la médiocrité des discussions échangées sur les chats. Il n’est pas possible d’en dire autant de l’univers de la psychiatrie dans lequel est plongée son héroïne suite à un « appel au secours » chimique. A trop vouloir nous décrire le côté pesant du harcèlement, l’auteur tombe dans le piège classique qui consiste à lasser le lecteur en lui infligeant le comportement de son personnage. Le détail des plaintes et récriminations constantes de l’époux fatigue et ne nous apprend rien. Ce Jean-François n’est qu’un tyranneau domestique comme il y en a tant. La plupart des lecteurs n’ont pas besoin de tous ces détails pour savoir à quoi ressemblent les giries d’un être amer et revendicatif. Il apparaît plutôt comme un homme qui pour n’avoir jamais été aimé n’est pas capable de donner de l’amour lui-même. Il ignore tout de cette affection qu’on ne lui a jamais prodiguée. Maltraité et rejeté, il à tendance à reproduire ce comportement sur ses proches et en particulier sur son épouse.
Eric Reinhardt met en scène sa relation, supposée réelle, avec une lectrice qu’il aurait accepté de rencontrer à deux reprises après avoir été touché par la lettre qu’elle lui aurait envoyé. Il découvre à travers les confidences de Bénédicte Ombredanne l’histoire d’une femme insatisfaite, qui s’ennuie dans sa vie et supporte le harcèlement quotidien d’un mari déséquilibré. Au début, c’est léger, la rencontre entre l’auteur et Bénédicte, leurs conversations dans le bar et tout à coup la violence surgit et on hésite à continuer à lire, car elle est décrite de façon très réaliste, les mots sont percutants. J’ai détesté Jean-François viscéralement, avec une sombre envie de meurtre et je me demandais pourquoi elle restait, elle, si brillante par rapport à lui, pauvre aussi bien intellectuellement qu’affectivement. On le voit enfermer progressivement sa femme, l’isoler, la surveillant sans cesse avec perversité. Bénédicte Ombredanne, trentenaire, agrégée de lettres, se prend d’affection pour l’écrivain Eric Reinhardt suite à la lecture de son roman. L’écrivain se retrouve bouleversé à son tour par cette femme qui semble avoir accusé les mauvais coups toute sa vie. Le premier chapitre est en fait une mise en abyme qui nous permet de comprendre la genèse du livre – mais est-ce réalité ? -, qui contient ensuite de très belles pages sur l’écriture et la littérature, sur l’importance de l’une et de l’autre, l’oxygène qu’elles sont pour l’âme. Bénédicte Ombredanne désire rencontrer l’auteur car elle a beaucoup aimé son dernier livre.
Le narrateur m’a donné la pénible impression de se masturber à chaque ligne .
Lamour Et Les Forêts : Un Roman Damour Et De Révolte
Le roman prend aux tripes, et j’en suis ressortie avec l’impression qu’il fallait venger Bénédicte, et, en son nom, se jurer de ne pas renoncer à ses rêves et à son enthousiasme, de ne jamais se rendre. De prime abord, ce n’était pas du tout mon genre de lecture et pourtant… En me le tendant, elle m’a dit “Tu ne peux pas ne pas aimer.” Je me suis donc saisie du roman. Chaque matin à 7h30, recevez l’actu du jour dans votre boîte mail. Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation. Romancier et dramaturge, il est l’auteur de “Cendrillon” (Stock – 2007), “Le système Victoria” (Stock – 2011). Pour ce faire, le soutien et la fidélité de nos abonnés est essentiel. Nous vous invitons à rejoindre à votre tour cette communauté en vous abonnant à Télérama. Quand je lis que certains ont écrit « Chef d’œuvre, Époustouflant », je me dis que décidemment, je ne comprends rien à la littérature. Phrases construites avec de longues suites d’adjectifs (jusqu’à 10 dans la même phrase), très longues phrases en général.
Mais c’est aussi un roman sur le pouvoir thérapeutique de l’écriture et sur la création littéraire. Récit poignant d’une tentative d’émancipation féminine, L’amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d’être libre se dresse contre l’avilissement. L’écrivain Éric Reinhardt fait sa Masterclasse, avec Sylvain Bourmeau. Depuis, il se laisse apparaître dans ses romans,… De fait, l’écrivain admet dans son roman le procédé de création qu’il emprunte avec ce “je la cite”, ou encore “je recopie les phrases exactes qu’elle m’a écrites” – alors qu’il avait assuré à Sylvie s’être reposé sur le seul souvenir de leurs conversations… Si la première partie, qui prend la voix de l’écrivain, m’a semblé un peu longue, la deuxième partie racontée par Bénédicte elle même est passionnante, choquante, angoissante. La dernière partie du roman est narrée par la sœur de Bénédicte et nous laisse sans voix, épuisés par autant de haine, de gâchis, de souffrance.
Eric Reinhardt écrit d’abord “Le système Victoria” et une pièce de théâtre. “Je n’ai pas capitulé, je suis toujours vivante. Je suis seule à diriger ma vie, contrairement aux apparences”, dit Bénédicte Ombredanne dans ce livre vibrant qui nous fait partager son combat intérieur sur près de 370 pages. Magnifique portrait de femme, “L’amour et les forêts” est le sixième roman d’Eric Reinhardt, né à Nancy en 1965. Ses deux derniers, “Cendrillon”, en 2007, et “Le système Victoria”, en 2011, ont connu un grand succès. Épuisée, elle a soudain envie de retrouver sa liberté. Elle s’inscrit alors sur un site de rencontres sous le pseudo @fionarose et après de nombreux échanges (trés réalistes), elle entre en contact avec @Playmobil677, alias Christian qui arrive à la toucher et avec qui elle fixe un rendez-vous. J’aurais mis la moyenne, si on pouvait couper les étoiles en deux, parce qu’il y a du bon quand-même dans ce livre. Le scénario, le cheminement que suit le récit passant de bouche en bouche, donne du relief à l’histoire et évite la lassitude. Leurs échanges sont réguliers, elle ne lui cache rien, jusqu’à son séjour en hôpital psychiatrique pour dépression. “Lors de notre deuxième rencontre, j’ai avoué à Eric Reinhardt qu’à cette époque, j’avais commencé à écrire sur mon histoire, précise Sylvie. Il m’a encouragée à continuer, avec insistance, s’est montré très attentif à tout ce je lui racontais.”
L’amour Et Les Forêts De Éric Reinhardt
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C’est ainsi qu’elle rédige les 44 pages de La Jetée, à l’attention exclusive de l’écrivain, un témoignage extrêmement personnel sur ses rapports houleux avec son mari, l’adultère, l’hospitalisation, le chemin de la réparation. Puis l’envoie à Eric Reinhardt, pour son anniversaire en avril 2009, “comme un cadeau”. S’en suivent de rares échanges de mails, le romancier s’inquiétant de savoir si le mari de Sylvie a pris connaissance du texte et s’il l’a détruit. C’est à vous de venir découvrir l’histoire puissante de cette femme. Ce roman est rempli d’émotions, il est magnifique et magistral. D’un bout en l’autre, j’ai été tenue en haleine, alternant entre différents sentiments. Je crois avoir couvert à peu près toute la palette des émotions durant la lecture de ces 416 pages. Certes, Bénédicte se réfugie dans le souvenir de sa parenthèse enchantée avec Christian. Elle revit chaque instant de cette journée merveilleuse, y pense “comme à une île sublime et odorante, charnelle, sonore, dont les splendeurs s’intensifiaient à mesure que les jours s’écoulaient, et que s’amenuisait la possibilité qu’elle puisse jamais les retrouver”. De ces confidences à l’écrivain admiré, celle qui ne croit comme lui qu’au pouvoir salvateur des mots, à la sublimation par la littérature, aurait aimé faire art.
Et c’est merveille de le voir s’enchâsser avec empathie ou drôlerie dans des destins étrangers. Ainsi ce sixième opus a-t-il surgi d’une authentique correspondance, puis de réelles rencontres, avec deux lectrices. Les héroïnes féminines ont toujours occupé chez lui une place de choix, surtout les fortes, les puissantes. Mais Bénédicte Ombredanne, cette fois, ne semble pas de la race des reines. « Noire et pourtant lumineuse » selon Baudelaire, non, aujourd’hui l’encre de la mélancolie n’est pas sèche. Et c’est le mariage du rock et de la littérature qui revoit sa chimie. Chatterton, récente et fulgurante révélation de la scène francophone. Le jeune quintet parisien sur lequel plane les ombres tutélaires de Television, Radiohead, Gainsbourg ou encore Bashung s’est fait connaître en propulsant son lyrisme libertaire dans la sphère électrique. La littérature, c’est celle d’Éric Reinhardt, de L’amour et les forêts, son dernier roman social, son premier récit intime.
Bénédicte Ombredanne va le retrouver chez lui dans la région de Strasbourg dans sa maison située au bord d’une forêt… Elle lui raconte alors le calvaire quotidien que son mari lui fait subir. J’ai trouvé étrange ce procédé stylistique qui fait que l’auteur répète inlassablement le nom de Bénédicte Ombredanne. Pourtant, ce n’était pas gagné à cause du style si particulier de l’auteur. Jusqu’à ce que je comprenne qu’en fait, il se faisait plaisir avec les mots, allant jusqu’à insérer des allitérations en plein milieu de phrases entre deux mots qui n’ont rien en commun si ce n’est leur sonorité.
Ce nouveau roman est l’histoire d’une femme idéaliste, en quête de ferveur et de fulgurance, mais fragmentée, entravée par ses peurs, ses renoncements. Ce qui est terrible c’est que même ses enfants ne l’aiment pas (c’est dur à dire mais elle non plus finalement)…Les enfants se placent immédiatement du côté du père qui d’une certaine façon a autant de pouvoir de persuasion sur eux que sur elle. E lecteur n’a jamais le temps de reprendre son souffle. Après cet après-midi lumineux où elle s’est sentie exister, elle va retourner pourtant à sa vie, affronter son mari devenu de plus en plus jaloux parce qu’elle arrive chez elle en retard et furieux parce qu’elle n’a pas fait les courses hebdomadaires. Un soir, après avoir écouté une émission de radio, Jean-François s’enferme dans sa chambre où elle le retrouve en pleurs. Il vient de comprendre qu’il était un “harceleur certifié” et il la supplie de lui pardonner.
J’ai pourtant lu ou entendu des chroniques dithyrambiques sur ce roman. La trentaine passée, une femme résignée, sous la coupe d’un mari abusif qui fait de sa vie un enfer. Un livre poignant, la quête d’émancipation d’une femme, suivie de sa chute . Bénédicte Ombredanne, jeune professeur de français à Metz, décide un jour d’adresser une lettre pour le moins audacieuse à Eric Reinhardt. Pour adapter cette fiction, Laurent Bazin reste fidèle à la forme innovante du roman, grâce à une scénographie nourrie de vidéo et du travail sonore de Diego Losa. Pour conduire ce récit, en son et en images, Isabelle Adjani, apparaît comme une instance ambiguë, tantôt narratrice, tantôt fantôme délicat de Bénédicte. Internée dans une institution psychiatrique après une tentative de suicide, malade, atteinte de cancer, elle finit par mourir.
Encensé par la critique, plébiscité par le public, L’Amour et les forêts a obtenu le prix Renaudot des lycéens, le prix France Télévision et plus récemment celui des étudiants France Culture/Télérama – dont il fait la Une cette semaine. Lorsque j’ai fini ma lecture, j’ai rendu le livre à ma collègue et nous en avons parlé. Une autre collègue est arrivée, intriguée et nous avons commencé à lui parler du livre. Finalement, nous avons échangé un regard complice et nous lui avons tendu le livre, le sourire aux lèvres persuadées toutes deux qu’il lui plairait autant qu’à nous. Il y a des livres qui viennent vous cueillir par surprise. A l’approche de l’été, il est temps de vous évader avec Folio ! Pour deux livres achetés, un cadeau vous attend chez votre libraire. Epouse d’un cadre commercial sournois et complexé, elle raconte à Reinhardt être victime de harcèlement conjugal ; de plus en plus violent depuis l’aveu au mari d’un bref mais explosif adultère. Bénédicte Ombredanne ne trouvera de paix que dans la clinique psychiatrique où l’a conduite sa tentative de suicide… Le bonheur n’a pas voulu de moi, j’ai pourtant tout fait pour le mériter, tant pis, ma décision est prise, j’abandonne.
Critiques 32 Citations
Enfin un auteur qui fait de belles et longues phrases et ne s’arrête pas à sujet, verbe, complément. Qu’il parle d’un paysage, des arbres dans la forêt, ou qu’il parle des affects, du ressenti et de la fragilité de son héroïne. J’ai eu un coup de foudre en regardant la grande librairie où l’auteur a raconté comment est né ce livre. Un thème difficile qui est abordé sans tabou, cette lecture ne peut pas laisser indifférent à plus d’un titre. Un soir, en rentrant, elle le trouve les yeux rivés sur l’écran de télévision, hurlant dès que les enfants prononcent un mot, car on parle de harcèlement moral et il se reconnaît dans le tableau décrit par les femmes qui témoignent. Il passe une partie de la nuit à pleurer et bien sûr, c’est sa femme qui le console. Désireux de devenir éditeur, il commence à travailler aux éditions Le Castor astral, et poursuit sa carrière chez Albin Michel et chez Flohic Editions jusqu’à ce qu’il devienne directeur éditorial aux éditions Hazan. Peu avant de quitter cet emploi pour se lancer en tant qu’éditeur indépendant de livres d’art, il se met à écrire, en puisant son inspiration dans des lieux de son enfance et de son adolescence. • Des personnages féminins décrits avec une générosité, une finesse et une lucidité saisissantes.
Bénédicte, Marie-Claire et Aurélie sont des portraits d’un réalisme vertigineux, inquiétant. Des femmes entêtantes qui donnent du corps à l’intrigue. “Elle avait adoré ça, à 18 ou 19 ans, lire la nuit dans le silence de leur maison, quand tout le monde dormait et qu’elle était seule à veiller, environnée des ténèbres de la campagne, enfin libre et vivante, éclairée de l’intérieur par le bonheur de la lecture.”. Je ne comprend pas que ce livre n’ait pas été primé. Il est merveilleusement écrit et même si le sujet est dérangeant, il a le mérite de parler des femmes opprimées et harcelées dans un milieu qui est loin d’être celui d’un cas social.
L’écrivain lui propose alors de prendre un verre lorsqu’elle viendra à Paris. Ils se voient une fois au café Nemours, et deux fois dans un autre café, avenue Trudaine. L’enseignante en parle à son mari, à ses filles, à ses amis – ce n’est pas rien pour une provinciale anonyme d’être dans les petits papiers d’un écrivain parisien en vue. Ils se tutoient rapidement, elle est en confiance, lui aussi. “Il m’appelait parfois quand l’angoisse le prenait dans son travail d’écriture, je lui adressais des petits textos d’encouragement”, se souvient-elle. Lors de leur seconde rencontre en septembre 2008, Bénédicte dont il avait ressenti des failles, se livre et lui raconte son quotidien, Ils restent en contact et Eric devient son confident.
Je conclurai en conseillant néanmoins la lecture. Ca mérite que je lise un autre Reinhardt pour compléter mon avis sur cet auteur. Et l’omniprésence de l’auteur, cette omnipotence, cette autofiction m’a dérangé. Bénédicte Ombredanne va tenter d’échapper à son mari et s’éprend d’un homme rencontré sur Meetic. Jean François, le mari de Bénédicte, prend conscience qu’il est un “harceleur certifié” suite à l’écoute d’un reportage à la radio. Découvrez la liseuse Vivlio Color, la première liseuse avec écran en couleurs, et vivez une expérience de lecture inédite haute en couleurs ! Adaptez votre lecture à vos besoins avec ses fonctionnalités de personnalisation du texte et son écran rétro-éclairé. Les informations renseignées dans ce formulaire sont destinées au Groupe L’Express pour l’envoi de l’article sélectionné à votre proche, lequel sera informé de votre identité. Pour toute information complémentaire, consulter notre Politique de protection des données. L’article sera disponible à la lecture pour votre bénéficiaire durant les 72h suivant l’envoi de ce formulaire, en cliquant sur le lien reçu par e-mail.
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Mais peut-être était-ce volontaire pour atténuer la violence, pour protéger davantage le lecteur. Comment va-t-elle réagir après cette rencontre ? L’Amour et les Forêts , roman qui remporte le prix Renaudot des lycéens, le prix Roman France Télévision, le prix du Meilleur roman de l’année 2014 du magazine Lire et le prix des étudiants France Culture-Télérama. Éric Reinhardt est né le 2 avril 1965 à Nancy en France. Écrivain régulièrement récompensé, notamment par le Globe de Cristal d’honneur en 2012 pour l’ensemble de son œuvre, ce passionné de littérature s’est d’abord tourné vers des études plus mathématiques. Avec son bac scientifique en poche, il intègre l’Institut supérieur de gestion, une école de commerce située à Paris, en 1985. • Même les très rares longueurs du texte ne font que ressortir le brio de la plupart de ses passages.
Un très beau livre, bien écrit, mais aussi très dur dans la description de la vie de cette femme..
Critique De L’amour Et Les Forêts Par Brune Platine
Une écriture qui nous donne l’occasion de voir le côté féminin développé de l’auteur car j’ai vraiment été surprise de voir avec quelle délicatesse, quelle justesse Eric Reinhardt nous brosse le profil psychologique de Bénédicte emprunt de tant de véracité. Qu’un homme ait écrit ceci avec tellement de tendresse, de douceur m’a soufflé. Eric Reinhardt, pourtant mille fois complimenté et même très respectueux de ses lecteurs et lectrices, perçu cette fois l’exception. Il n’avait pas à faire à une admiratrice de ses écrits comme il en recevait chaque jour les compliments, ceux-ci étaient cette fois formulés dans un style littéraire auquel il n’était pas habitué et qui avait suscité sa curiosité. Il décida alors de lui répondre sans imaginer une seconde la suite qui allait en découler. D’autres chapitres donnent la parole à la sœur, ou à des relations de Bénédicte, qui livrent leur version des faits et éclairent, autant pour le lecteur que pour l’écrivain de fiction, la vie de cette femme. Plus loin, le lecteur se trouve dans la tête de Bénédicte Ombredanne qui décrit sa vie, avec une certaine distance.
Une connaissance de l’écrivain lui reproche d’avoir indûment emprunté ses confidences et reproduit ses écrits dans L’amour et les forêts. Dans “L’amour et les forêts”, son dernier roman, Eric Reinhardt se met en scène – c’est la mode cette saison – pour raconter l’histoire d’une femme harcelée par son mari. Une plongée oppressante dans les affres d’une relation empoisonnée par la jalousie. Chaque jour, la rédaction et l’ensemble des métiers de Télérama se mobilisent pour vous proposer sur notre site une offre critique complète, un suivi de l’actualité culturelle, des enquêtes, des entretiens, des reportages, des vidéos, des services, des évènements… Qualité, fiabilité et indépendance en sont les maîtres mots.
En cela, le découpage du livre est assez étrange, qui commence sur le récit du narrateur, se poursuit sur le récit de Bénédicte Ombredanne, puis un passage “à la manière de” et enfin, la révélation finale tout simplement ahurissante. Je n’ai pas trouvé beaucoup d’amour, (ni beaucoup de forêts) dans ce roman.
Eric Reinhardt signe un des plus beaux romans de cette rentrée littéraire avec “Lamour et les forêts”. Un livre, en apparence, aux antipodes de son précédent, “Le système Victoria”. Bénédicte est agrégée de lettres et enseigne dans un collège. Elle a deux enfants Lola et Arthur dont elle suit les études de très près. L’émotion est difficile à naître aussi en raison du manque de réalisme des personnages, qu’on a du mal à se représenter en face de soi. Il existe certainement des hommes aussi minables et sordides que le mari de Bénédicte Ombredanne, mais son passé juste effleuré est un peu léger pour expliquer un caractère aussi entièrement nuisible. Et Bénédicte elle, on lui voit tant de facettes différentes selon les moments de son histoire et les personnes qui la racontent qu’on n’arrive pas à la connaitre, son image est floue. Quant à leurs enfants, on dirait des figurants, ébauchés au crayon, plantés là pour le récit, sans consistance. J’avais besoin de me prouver que je pouvais me dégager de son emprise, prendre des initiatives qui ne concernent que ma personne, secrètement, comme une femme libre. Je suis seule à diriger ma vie, contrairement aux apparences.
Critiques 23 Citations
À l’origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l’écrivain, l’entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari.
Ecrivain et éditeur de livres d’art, Eric Reinhardt est né en 1965 à Nancy. Il a publié plusieurs romans dont Demi-Sommeil , Le Moral des ménages et Existence . Cendrillon, publié en 2007, lui a valu un important succès de librairie et l’a réellement fait connaître. Si ses livres n’ont pas encore été récompensés d’un grand prix littéraire, L’Amour et les forêts fait partie de la première sélection du jury du Prix Goncourt 2014.
Critiques 89 Citations
La souffrance morale, physique de Bénédicte vous éclate à la figure. Comme sa soeur, on aimerait la prendre dans nos bras et la consoler de cet enfer familial. On se révolte devant ce mari abominable dans la manipulation. Et l’on termine le coeur chaviré par les drames vécue par cette femme. « le système Victoria » m’attend maintenant, histoire de me faire une idée plus précise de cet auteur couronné par le Renaudot des lycéens. Comme dans L’Amour et les forêts, tout commence avec Cendrillon, paru en 2007 chez Stock.
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Elle lui raconte sa vie difficile, auprès d’un mari pervers, harceleur, Jean-François, qui lui fait subir tous les jours une maltraitance psychologique sans bornes. L’histoire d’une femme emmurée dans une relation toxique, malsaine, destructive, elle se sent prisonnière, ligotée de toute part. Son mari Jean-François est un homme ignoble, un tortionnaire sans coeur. Après une énième dispute violente, Bénédicte n’en peut plus, elle s’inscrit sur Meetic et sur ce marché de l’amour, elle rencontrera Christian, le cupidon de l’amour avec son arc à flèches. Bénédicte se précipite la gueule ouverte, le coeur pendant, la bouche asséchée dans cette rencontre sans lendemain. Tout est beau, tout est puissant, la passion, le désir, le bonheur, la simplicité d’être un peu aimée pour ce qu’elle est. Les pages sont comme un rayon de soleil dans la forêt noire, une lumière qui enveloppe ces deux-là avant l’orage. Car ce qui attend Bénédicte à son retour ressemble fort à l’enfer.
D’ailleurs, l’entourage de cet homme le rejette massivement et semble s’accorder sur le caractère maléfique de sa personnalité. Le pervers narcissique est davantage un séducteur charismatique qui a l’art de s’attirer la sympathie et le dévouement de tous, quand ce n’est pas la compassion.
À Qui Offrir Les Romans De 2014 Pour Noël ?
Peu réel de rencontrer le premier soir à la première inscription quelqu’un, Christian, qui semble-t-il est parfait (il possède une maison, est antiquaire). Mais chez cet amant d’une journée, on découvre aussi des penchants de harcèlement quand il l’initie au tir à l’arc. Jusqu’où l’avilissement d’une personne peut-il aller? Bénédicte ne semble pas s’en rendre compte, elle en paiera le prix, celui de sa vie. La seule personne qui la connaissait vraiment, sa jumelle, s’en apercevra trop tard. Une grande détresse se cache souvent derrière le paraître extérieur. C’est le mérite de l’écrivain-personnage Reinhardt de nous révéler, progressivement, la fragilité et le manque de confiance de son personnage central, Bénédicte.
Les Amants De La Littérature
Un roman qui restera un coup de coeur et par le fond et par la forme. Eric Reinhardt signe ici un texte poignant et bouleversant, qui hante le lecteur. Au creux du désespoir, Benedicte s’accroche à la littérature comme à une bouée pour ne pas couler. C’est ainsi qu’elle prend contact avec Reinhardt pour lui confier combien ses livres la maintiennent à flots. Sylvie décline la proposition d’Eric Reinhardt de lui envoyer un exemplaire. Mais lorsque le roman paraît, des amies lui en parlent, mal à l’aise. Elle est “stupéfaite, tétanisée”, se sent “trahie, avilie.”
Points Forts
Un portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui dans lequel de nombreuses lectrices pourraient probablement glaner des éléments d’identification. Je n’aurai jamais pensé qu’un auteur homme puisse décrire avec autant de délicatesse et de tendresse les sentiments d’une femme. Je n’avais jamais rien lu de cet auteur et comme d’habitude la découverte de ce roman me donne envie de me plonger dans ses autres écrits. Il nous donne envie par moment de secouer Bénédicte Ombredanne On voudrait pouvoir lui parler, la soutenir car on la sent fragile mais aussi la conseiller pour l’aider à prendre la bonne décision… Dans ce livre, un écrivain, ému par la lettre d’une lectrice, décide de la rencontrer. Jeune professeure de français, Bénédicte Ombredanne raconte son calvaire, harcelée par un mari manipulateur, encore plus violent et pervers depuis qu’elle a tenté, deux ans plus tôt, de regagner sa liberté, le contrôle de sa vie, en un après-midi de bonheur absolu. L’auteur a eu envie d’écrire ce roman suite aux nombreux courriers échangés avec des lectrices après la sortie de son livre “Cendrillon” en 2007. Il s’est appuyé sur des témoignages authentiques pour inventer ce personnage de femme harcelée par son mari. C’est après sa rencontre dans un train, avec une femme qui lui a fait des confidences sur sa vie, qu’il a batti la trame de ce roman.
Enfin lyrisme et souffle épique pour dire l’amour véritable, les moments sereins, les déclarations amoureuses et le corps réconcilié avec l’âme. A coté de cela, la souffrance de Béatrice Ombredanne, sa rencontre qui la libère, le récit de sa soeur jumelle… Tout cela vous prend aux tripes et vous bouleverse! Les phrases sont émouvantes, musicales voire lyriques pour certaines, si bien écrites et si agréables à lire. Ces parties là compensent les autres mais que de regrets en ce qui me concerne.
Elle revit chaque instant de cette journée merveilleuse. Elle y pense “comme à une île sublime et odorante, charnelle, sonore, dont les splendeurs s’intensifiaient à mesure que les jours s’écoulaient, et que s’amenuisait la possibilité qu’elle puisse jamais les retrouver”… Aucun lecteur ne pourra oublier Bénédicte Ombredanne…cette femme idéaliste, éprise de liberté et de mots mais entravée par ses peurs et surtout brisée par son mari. Une histoire de femme merveilleusement bien écrite par un homme. Il est également question de Villiers de L’Isle Adam.
Sur le chemin du retour, elle réalise que “Le monde se divise entre ceux qui vivent la beauté suffocante d’une folle passion – et ceux qui ne vivent pas l’urgence et la beauté suffocante, étourdissante, obsessionnelle, d’une folle passion”. Une seule fois, guidée par une soudaine rébellion après une énième crise, Bénédicte Ombredanne drague sur internet sous le pseudo @fionarose et décroche un rendez-vous avec @Playmobil677, alias Christian. Bénédicte le rejoint le lendemain chez lui, dans une maison au bord d’une forêt. Prête à vivre ce qui deviendra “la plus belle journée de sa vie”, elle “appuie son doigt sur la sonnette. Sa stridence retentit à l’intérieur de toute son existence, réveillant la sensation qu’elle avait été enfant, et qu’un jour elle serait vieille”. On aurait presque de la compassion pour le mari. J’ai vraiment été émue, indignée, révoltée par la lecture de ce roman passionnant. Une écriture fluide qui nous démontre bien le pouvoir et la justesse de mots. Par l’écriture et en conversant avec son auteur favori. Il est fasciné par le personnage de Bénédicte et nous en livre ici un portrait tout en sensibilité et psychologie. Il incarne de façon incroyable les sentiments et ressentis de son héroïne.
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L’histoire de Bénédicte Ombredanne qui tente de fuir la violence conjugale dans les bras d’un autre, sans jamais y arriver. Ensemble, ils auraient pu écrire un album concept. Chanteur, auteur et musiciens ont préféré un concert qui hybride écritures et présences, entremêle voix et timbres, et interroge « les désespérances d’un siècle encore nouveau mais déjà usé. » Pour beaucoup, la mélancolie est ce mal maudit que le contact avec la nature transforme en vertiges poétiques. À travers ce spectacle, le groupe éphémère dit non au néant, oui à l’être, sans oublier que, parfois, son courage se brise sur les fers de la réalité. Pour mon premier Reinhardt, je m’attendais à un livre bouleversant et réussit. Les critiques élogieuses abondaient dans ce sens. Mais voilà en ce qui me concerne, pour « L’amour et les forêts », je serais bien moins emballé que la plupart. Car, je me suis profondément ennuyé sur la première partie du livre, entre des discussions sur Meetic, un cours sur l’utilisation d’un archer et une certaine préciosité de Reinhardt, ma déception était à la hauteur de l’envie. Et puis, tout à coup, Reinhardt cesse enfin de se regarder écrire et par la voix de la soeur jumelle de Bénédicte Ombredanne, le roman prend enfin son envol.
En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées. Il nous livre ici l’histoire d’une Emma Bovary modernisé mais encore plus dramatique. C’est finalement l’histoire d’une femme incapable de se libérer et d’échapper à sa condition d’épouse et de mère mais surtout qui ne se donne pas le droit d’être heureuse.
Bibalice58 Livres
L’auteur ne tombe pas dans le pathos malgré le tragique de la situation. Bénédicte est une femme emprisonnée dans son couple et qui décide de se faire plaisir une fois dans sa vie. Cette année encore, la rentrée littéraire nous prépare de belles surprises en grand format, mais les poches ne sont pas en reste. En août et septembre, découvrez les auteurs Folio qui sont sous le feu des projecteurs et font l’actualité. L’auteur de Cendrillon magnifie l’existence d’une lectrice prisonnière d’un enfer conjugal. Et fait de la jeune femme une reine de tragédie. Description des messages de Meetic très bien faite.
Un roman bouleversant et d’une tristesse infinie où l’agonie d’une femme est travaillée avec brio, une psychologie à fleur de peau pour décrire les ravages de la perversion, une femme comme bien d’autres qui ne s’en sortira pas indemne comme bon nombres de lecteurs… Bénédicte Ombredanne (quel nom !) fut malheureuse, il semble en effet qu’elle ait été injustement désignée pour subir et souffrir, toute sa vie, elle se sera enlisée dans le malheur, feignant de ne pas voir les issues de secours qui bordaient sa route… Une âme torturée, nulle part à sa place, une âme qui aurait voulu vivre en héroïne et qui n’aura été que victime. Chaque nouveau roman de Delphine de Vigan est un évènement, et c’est ce qui marque ce début d’année 2018 puisque vient de sortir en librairie, Les loyautés, neuvième roman de l’auteur, qui a… Eric Reinhardt réussit le tour de force d’allier la virtuosité de Cendrillon à une construction magistrale, équilibrée, ce qui fait de L’Amour et les forêts un roman frisant la perfection. S’affranchissant des modes, renonçant, de son propre aveu, à se cacher derrière un cynisme littérairement correct, il signe, selon moi, un livre d’une maturité, d’une grâce et d’une sincérité renversantes.
Parfois Il Suffit Dun Homme Pour Ouvrir Les Yeux
….mais en réalité elle ne percevait pas l’effondrement de son mari comme une victoire qui lui offrait la possibilité de faire évoluer leurs rapports, elle le vivait comme la preuve encombrante, honteuse, spectaculaire de sa culpabilité. En mars 2006, Jean-François son mari pète littéralement un câble; il est cloîtré dans sa chambre. Il vient de se reconnaître dans une émission radio, il prend conscience de qui il est vraiment, un harceleur moral. Bénédicte reste intraitable, dure, elle en a marre et a un sursaut de lucidité; elle veut s’en sortir. Un chef d’oeuvre, si ce livre n’est pas primé je ne comprends pas. Cette lecture est éprouvante, le calvaire que subi Béatrice Ombredanne face à la cruauté mentale de son mari est parfois à la limite du supportable. Reinhardt donc va très loin dans sa façon de déconstruire les clichés, jusqu’à abattre un des derniers mythes de notre époque. Cette femme n’est pas aimée de ses enfants, qui la regardent par les yeux dépréciateurs de leur père, et au fond, elle ne les aime pas non plus. Dans “L’amour et les forêts”, Eric Reinhardt conte la sombre cavalcade d’une femme éperdue. C’est le seul reproche que je ferai à Eric Reinhardt, et encore en relativisant car, dans la troisième partie de son roman, il se redonne la juste place.
Elle avait adoré ça, à 18 ou 19 ans, lire la nuit dans le silence de leur maison, quand tout le monde dormait et qu’elle était seule à veiller, environnée des ténèbres de la campagne, enfin libre et vivante, éclairée de l’intérieur par le bonheur de la lecture. Je n’ai pas le souvenir d’avoir jamais été aussi heureuse, ou alors il y a longtemps, dans une autre vie. …comme si soudain l’affaire était jugée et qu’elle donnait à Bénédicte Ombredanne une liberté considérable, au même titre que le verdict d’une erreur judiciaire allège d’un poids inestimable celui qui en bénéficie, sans effacer pour autant les tourments qu’il a subis. Le mari de Bénédicte Ombredanne est bourrelé de déséquilibres et de comportements anormaux, certes, il est très égoïste et même calculateur. De là à voir en lui un pervers narcissique, c’est peut-être encore une de ces dérives qui consiste à projeter partout et sur tous une nouvelle pathologie psychologique dès qu’elle commence à faire un peu parler d’elle. Très sensibilisée par l’écriture d’Eric Reinhardt et sans doute aussi quelque part, inconsciemment, par l’auteur comme si elle cherchait une sorte de bouée de sauvetage dans la vie, une sorte de confident. Le romancier de « Cendrillon » ou du « Système Victoria » a tendance à vouloir trop bien faire et à en faire trop, défaut que l’on avait déjà relevé dans ses romans précédents. Dans cette forêt, Reinhardt aurait dû élaguer et ne conserver que les plus belles branches ; elles sont vraiment très belles. La drôlerie de l’épisode du site de rencontres contraste d’ailleurs avec l’écriture d’Éric Reinhardt, riche, quasi lyrique.
L’écriture est sublime, par moment, j’étais même dans mon XIXe siècle adoré. En lisant, Bénédicte me faisait penser à « La dame aux camélias », tant elle semble fragile, romantique, éthérée, Madame Bovary disent certains critiques. Peut-être parce qu’elle s’intéresse aux belles lettres, en particulier à Villiers de l’Isle Adam dont elle parle si bien qu’elle donne envie d’aller ouvrir « les contes cruels » et qu’elle aussi est une férue du XIXe siècle. Il était une fois Bénédicte Ombredanne, intelligente, agrégée de lettres passionnée de littérature, belle, âgée de trente-six ans, mariée, deux enfants. Elle avait à l’aube de sa vie adulte tout pour être heureuse, une famille aimante, une boulimique et joyeuse envie de vivre.
L’amour et les forêts est mon premier Reinhardt. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé, mais je suis loin d’être emballé.
Tu es libre, les murs de ta prison n’existent pas, tu peux décider de quitter ton mari du jour au lendemain, si tu en as envie. Sans conteste mon plus gros coup de coeur de la rentrée. Un récit sur la violence conjugale, sujet encore tabou mais tellement actuel, un véritable hommage aux nombreuses femmes souffrant en silence au quotidien de la jalousie maladive de leur conjoint. Ce livre est cependant pour l’instant le plus beau que j’ai lu parmi les nouveautés de la rentrée littéraire. Le tir à larc dans la forêt devient le symbole de lamour qui rate si souvent sa cible, mais aussi celui de la littérature qui lance ses pointes à laveugle et nous touche, quand cest Eric Reinhardt qui tient larc. Qui n’aura de cesse d’être étouffée par le mépris et l’indifférence des siens. Ce roman m’a littéralement bouleversée, le coeur serré et les larmes aux yeux, je referme la dernière page de cette terrible histoire. Un magnifique roman témoignage qui peut et souhaite peut-être servir de signal d’alarme aux héroïnes du quotidien.
L’écrivain si doué pour observer la société française, décrire les perversités du libéralisme et du monde de l’entreprise, se révèle alors métaphysique et bouleversant arpenteur des douleurs de l’esprit. Longtemps après avoir refermé ce roman, on continue d’y penser… J’en conseille vivement la lecture, surtout à ceux qui ont une vie de couple sans histoire… Un roman écrit sur un mode faussement biographique qui tourne aux montagnes russes émotionnelles. Un côté méta-fiction un peu étrange par endroits, un style d’écriture assez fleuri, parfois chargé et littéraire mais qui se prête bien à l’aventure de cette professeur de français victime d’un profond mal-être. Une tentative de rébellion tragique avec ses moments de joie, ses récits de personnages touchants et simples, ses médiocrités et renoncements ordinaires… Difficile d’en sortir indemne mais un très beau livre tout de même, surtout le dernier chapitre aussi poétique que bouleversant. L’écrivain livre dans L’Amour et les forêts le portrait sensible d’une femme pétrie de littérature, dont l’existence est décevante. Un texte fascinant et plus complexe qu’il n’y paraît sur le pouvoir et les périls de l’imaginaire.
7 Critiques 9 Citations
La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte. Récit poignant d’une émancipation féminine, L’amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d’être libre se dresse contre l’avilissement. A l’origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Des romans policiers, des romans d’amour, des nouvelles, des essais philosophiques ? Depuis son premier roman (Demi-sommeil, 1998), Eric Reinhardt entrecroise la réalité et la fiction, l’autre et le moi.