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amour courtois Quand L’amour Courtois Rendait La «friendzone» Presque Attractive
L’amour courtois occupe une place importante, notamment à travers le personnage du chevalier Lancelot du Lac qui éprouve envers la reine Guenièvre un amour puissant et pur, correspondant au modèle de l’amour courtois. Guillaume IX de Poitiers est un troubadour connu pour avoir fixé les règles de cet amour courtois. Il compose et chante de nombreuses chansons galantes destinées à courtiser les belles. Cet amour laïc, chanté par les poètes, a peu à peu dépassé le seul cadre littéraire pour s’imposer comme comportement exemplaire à adopter à la cour. La dépendance de l’amant à la dame est d’autant plus forte qu’il lui est en général inférieur socialement. Entre le jeune amoureux et la dame courtisée s’instaure alors un jeu de galanterie qui suit des codes très précis se retrouvant dans les textes littéraires. Chrétien de Troyes, le Conte du GraalLe déclin, ou du moins la transformation de l’esprit courtois, s’opère dès la fin du xiies.
Podlaha, dans « L’amour courtois en tant que discours courtois sur l’amour », Romania, 1989. La notion du temps qui passe et qui abîme les corps et les cœurs entre d’ailleurs dans les textes.
La Littérature Amoureuse Inde, Orient, Grèce
Ainsi, avant de devenir le Drut d’une dame, tout homme peut connaître le Dol (douleur d’un refus). Mais s’il parvient à se hisser par-delà ses faiblesses physiques, il atteindra le statut de Paratge (noblesse du cœur) et connaîtra le Joi . Dix riches jeunes gens s’isolent d’une épidémie dans une villa sur les hauteurs de Toscane, et la littérature s’en trouve bouleversée… Si le roman en vers existait déjà, Boccace inaugure sous une forme d’avenir, la prose, le roman moderne occidental. Mais au XIIe siècle, cette tradition fleurit dans le Nord de la France notamment autour de la cour d’Aliénor d’Aquitaine et de sa fille Marie de Champagne, prenant à leur service, accueillant et protégeant troubadours et poètes. Dans le contexte d’une France austère et évangélique, qui redécouvre les Ecritures et ne sait pas distinguer le spirituel du profane, Guillaume fait naturellement figure de rebelle. Il compte de nombreux ennemis, à commencer par Robert d’Arbrissel. Ermite itinérant, Arbrissel a créé l’abbaye de Fontevraud, un ordre mixte dirigé par une abbesse, et s’est fait une spécialité de racheter les âmes des femmes de mauvaise vie. En bref, il est l’apôtre des prostituées de l’Ouest et du Sud-Ouest. Il lui doit d’abord fidélité, comme Lancelot la jure à Guenièvre. Or le type d’épreuve imposé par la dame au chevalier relève du même ordre d’idée.
Dans la tradition propre du Nord, la pratique courtoise de l’amour consiste à appliquer aux relations entre homme et femme les vertus de générosité, de discrétion et de fidélité mutuelle qu’exige désormais la vie de cour. Cette conversion implique un art d’aimer assez subtil, aux gentillesses parfois raffinées et qui n’excluent pas de grandes passions, tant que celles-ci restent maîtrisées. L’amour se situe ainsi au sein d’une existence, qu’il anime et éclaire mais qui le dépasse. Il est notable que l’œuvre presque entière de Chrétien de Troyes, principal écrivain courtois de langue française, a pour ressort principal l’amour conjugal, sa croissance, ses cheminements et ses contradictions. Ces poètes du sud de la France inventent la notion d’« amour courtois » ou fin’amor en occitan, un amour raffiné répondant aux valeurs des habitants de la cour. Considéré comme la plus haute expérience à vivre, aimer révèlerait de nombreuses vertus. La fin’amor est un art d’aimer complexe qui repose sur l’idée que l’amour et le désir sont liés et se confondent. L’assouvissement du désir engendrant la disparition de celui-ci, une tension se met en place dans le cœur de l’amoureux entre volonté d’assouvir le désir et crainte de voir l’amour disparaître une fois le désir comblé. La femme courtisée est ainsi difficilement accessible, mariée ou d’un rang supérieur. Elle est d’ailleurs nommée dame, du latin domina, signifiant « suzeraine ».
Le Fier Baiser : Aux Sources De L’amour Chevaleresque
Assurez-vous que la personne à laquelle vous offrez l’article concerné accepte de communiquer son adresse e-mail à L’Express. Quand dans la nuit du 26 août 2017, les convives du mariage s’affairent à retrouver Maëlys, Nordahl Lelandais s’enferme aux toilettes. En flairant sa voiture à la recherche d’odeurs humaines deux jours plus tard, les chiens policiers vomissent.
Elle doit également être mariée ou du moins promise, ce qui ajoute des pierres à l’édifice de contraintes nécessaire au bon déroulement de cet amour impossible. Le De Amore d’André le Chapelain daterait d’entre 1184 et 1186. Tout cela, avec ensuite, son remariage avec Henri Plantagenêt, répand la rumeur d’une reine infidèle. Le respect envers la Dame est une expression désignant tout d’abord, au Moyen Âge, l’attitude que les hommes doivent observer lorsqu’ils sont en présence d’une dame de qualité, c’est-à-dire de haute naissance. Il est évidemment absurde de postuler la priorité chronologique de la fin’amor sur les deux autres conceptions , lesquelles correspondent à des modèles de comportement beaucoup plus universels, ou, si l’on préfère, bien moins construits culturellement. Cependant, le fait que la fin’amor soit la première à être attestée littérairement au Moyen Âge pousse les deux autres à se redéfinir, sinon à se reconstruire, par rapport à elle.
Poésies : Tome 1, La Retenue D’amour
L’épouse et la belle-mère y sont présentées comme terribles et acariâtres. L’homme du Moyen-Âge se transforme en preux serviteur d’une dame, sa dame, et n’aspire désormais qu’à la servir jusque dans la tombe. La Pucelle savait signer, mais les historiens se demandent toujours si elle savait aussi lire et écrire. Mais nous parlons aussi d’un temps où l’ignorance était une force singulière. Éditeur et distributeur d’ouvrages portant haut et fort l’Histoire, la mémoire, la culture et le patrimoine de nos chères Pyrénées et du Grand sud. De son temps, les agissements de la reine sont vus comme ceux d’une femme volage, aux mœurs légères, non pas comme ceux d’une femme libre et surtout libérée. Cette fiction pourtant, a longtemps prise comme réalité par les historiens. Au-dessus du couple d’amoureux, l’écusson et le heaume du seigneur. Les informations renseignées dans ce formulaire sont destinées au Groupe L’Express pour l’envoi de l’article sélectionné à votre proche, lequel sera informé de votre identité. Pour toute information complémentaire, consulter notre Politique de protection des données.
Quels sont les caractéristiques de l’amour courtois ?
L’amour courtois n’est ni libertinage, ni passion brutale, il est presque une ascèse pour le chevalier, qui doit, pour mériter la femme qu’il aime, se soumettre entièrement à elle. La dame est suzeraine, le chevalier est son vassal.
Les auteurs, tels que François Villon, célèbre poète de la fin du Moyen Âge, dépeignent et déplorent l’étiolement de la beauté de la femme, la déchéance physique… La figure de la vieille fille de joie délaissée entre dans le paysage littéraire.
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L’amour courtois auMoyen Âgeest une conception de l’amour qui repose sur le désir et la notion de courtoisie, renvoyant à un ensemble de valeurs et de savoir-vivre que l’on retrouve particulièrement dans le milieu de la noblesse. Dans cet amour courtois, aussi appelé« la fin’amor »,se mêlent passion et désespoir, plaisir et souffrance car il s’agit le plus souvent d’une relation secrète. La lyrique de l’amour courtois constitue pour ainsi dire l’acte de naissance littéraire des langues vernaculaires, en particulier romanes. C’est cette puissance d’invention de la langue dans une poétique amoureuse qui me semble particulièrement désirable. Quoi de plus désirable en effet qu’une langue où le mot « amour » peut être genré indifféremment au masculin ou au féminin ? Au-delà des schémas sociaux et idéologiques qui sous-tendent l’amour courtois, il y a la puissance d’invention du « trobar » ; le troubadour ou la troubadouresse s’affirme avant tout comme celui ou celle qui invente. Invention littéraire d’une langue, invention d’une culture amoureuse ; les deux se confondent. Étymologiquement, le terme « courtois » fait référence à la cour (de l’ancien français cort). En vieux français, le mot corteis prend le sens d’« honnête », « loyal ».
Qui a inventé l’amour courtois ?
L’amour au sens moderne est né en Aquitaine à la fin du XIe siècle. Il est l’invention de Guillaume IX, comte de Poitiers, duc d’Aquitaine et grand-père d’Aliénor, aventurier et rimailleur.
Que Lancelot monte dans la charrette, au risque de son honneur, ou qu’il traverse au péril de sa vie le pont de l’épée, il est prêt à tout pour aller libérer Guenièvre, prisonnière de Méléagant. Les privilèges de la honte dans l’hagiographique féminine au XIIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2020. « Le livre appellé Decameron, autrement le prince Galeot surnommé, qui contient cent nouvelles racomptées en dix jours par sept femmes et trois jouvenceaulx, lequel livre ja pieça compila et escripvi Jehan Boccace de Celtald en langaige florentin… Aujourd’hui, Aliénor d’Aquitaine est une des rares reines du Moyen Âge dont on connaisse encore le nom, devenue une icône féminine de pouvoir et d’émancipation. Elle reste également un personnage de fiction, ou raconté, présent dans de nombreux livres, BD, pièces de théâtre, films, émissions et même jeux vidéo. L’article sera disponible à la lecture pour votre bénéficiaire durant les 72h suivant l’envoi de ce formulaire, en cliquant sur le lien reçu par e-mail. Quant à Guillaume, le duc troubadour, renonçant au monde et à ses vanités, il se convertira à la fin de sa vie. La Fin’amor ou l’union de la chaire et de l’esprit au XIIe siècle, poésie, genre et émotion avec Michel Zink, Didier Lett et Damien Boquet. EMMA (Les Émotions au Moyen Âge) est un programme de recherche qui se consacre depuis 2006 à l’étude des émotions médiévales dans une perspective d’échanges avec les sciences humaines et sociales. Illustration réalisée en 1896 par Jean Geoffroy présentant une scène de La farce du cuvier, auteur anonyme, XIIIe siècle.
14 Avril 1988 France Mise En Cause De Michel Droit Pour Ses Liens Financiers Avec Le Groupe Hersant
L’homme – le plus souvent unchevalier – mais toujours de rang inférieur, vénère une dame de toute beauté qui lui semble inaccessible. Pour la conquérir, il fait preuve de bravoure, notamment dans ses combats, dans l’espoir de faire chavirer le cœur de la belle. Mais l’amour courtois au Moyen Âge ne passe pas seulement par le courage d’un preux chevalier, il comprend aussi l’art de maîtriser la poésie, la politesse et les bonnes manières. L’amour courtois ne se vit pas dans le mariage mais n’est pas qu’un amour platonique… Quand la belle est conquise, l’amant se soumet entièrement à la femme qu’il aime, il lui est fidèle, doit assouvir ses désirs et sans cesse mériter son attention. Au début du XIIe siècle, l’amour courtois prend des airs lyriques dans la poésie et les troubadours du sud de la France chantent l’art d’aimer. L’amour courtois est une notion inventée en 1883 par le philologue Gaston Paris pour qualifier les sentiments entre Lancelot et la reine Guenièvre chez l’auteur Chrétien de Troyes.
Et sa galanterie courtoise ne peut se confondre avec un quelconque voeu de continence ou de chasteté. L’amour courtois trouve d’abord son épanouissement dans la littérature, puis ses personnages, ses codes et ses images envahissent progressivement le cadre de vie de l’aristocratie. Et si « aimer » n’était pas ce qui nous oblige et nous possède mais ce qui nous permet de nous inventer ? De nous inventer individuellement comme sujet de désir et de plaisir ? Voilà à mon sens une liberté toute actuelle à laquelle nous invitent les amours médiévales. À partir du XIIIème siècle, le rapport amoureux est traité différemment dans les farces théâtrales.
D Boquet Et P Nagy Dir, Le Sujet Des Émotions Au Moyen Âge, Paris, Beauchesne, 2009
Ces poèmes et autres récits sont pris en charge par les trouvères et les troubadours, des poètes ambulants qui chantent en s’accompagnant d’un instrument de musique. Mais ce n’est qu’en apparence que Guillaume et Robert d’Arbrissel s’opposent. L’un voulait tirer les femmes vers son lit, l’autre vers Dieu, en les évangélisant. Dans les clairières, après le prêche, ce bienheureux enjoint à tout le monde de dormir ensemble, hommes et femmes. C’est pour lui, assure-t-il, une épreuve mystique et purificatrice destinée à combattre la tentation. L’Eglise n’est pas dupe de l’hypocrisie et dénonce cette promiscuité ambiguë. L’abbé de Vendôme et de l’évêque de Rennes lui adressent même de virulents reproches.
Par ailleurs, ce qui est courtois s’oppose à ce qui est « vilain », c’est-à-dire le monde rude et grossier du paysan. Enfin, la notion de courtoisie renvoie à un ensemble de valeurs, de règles de savoir-vivre et surtout à une conception bien particulière de l’amour, car nul ne peut être parfaitement courtois sans aimer. Cependant, cette vision de l’amour courtois est en réalité modifiée par Chrétien de Troyes lorsqu’elle arrive dans le Nord de la France. Plutôt que de s’intégrer à la morale de l’époque en préservant les exigences de la loi sociale et de la religion, la fin’amor occitane narre l’amour entre une Dame mariée adultère et un chevalier. Dans ces chansons de troubadours on retrouve fréquemment le modèle vassalique. Pour obtenir l’amour de la Dame, le chevalier doit entièrement se soumettre à elle, devenant le vassal d’une Dame suzeraine. Cette dernière est même souvent indifférente et le parcours est long jusqu’à la fin’amor. Aliénor d’Aquitaine est vue comme une grande figure de l’amour courtois du XIIesiècle.
Esiècle, les exceptions à cette règle deviennent de plus en plus nombreuses, l’idéal courtois représente sur ce point une insurrection contre la réalité dominante. Une fiction harmonieuse se substitue à celle-ci, dans le jeu de la cour. Une place d’honneur y est faite à la libre entente amoureuse et au don sexuel réciproque. En d’autres termes, la courtoisie comporte une prédisposition générale à l’amour. Toutefois, ici aussi, une opposition se marque entre le Nord et le Midi. Dans le Nord, l’amour apparaît plutôt comme l’aboutissement, l’épanouissement de la conquête de soi que représente l’acquisition des qualités courtoises. Dans le Midi, l’amour est la source de la cortezia; celle-ci trouve en lui son aliment et sa justification. Cette différence entraîne des conséquences que les médiévistes, jusqu’à une époque récente, ont eu le tort de négliger. C’est ainsi qu’ils ont généralisé sans nuances l’expression arbitraire d’« amour courtois » (créée vers 1880 par Gaston Paris !), y embrassant des faits complètement hétérogènes.
Quels sont les principaux thèmes courtois ?
Le roman courtois décrit des aventures sentimentales, analyse les sentiments amoureux et décrit avec souvent un grand souci du détail le mode de vie luxueux des nobles de l’époque. Dans le roman courtois, le chevalier parcourt le monde à la recherche d’aventures qui prouveront son courage.
Les textes représenteraient plutôt un amour idéalisé pour combler des attentes illusoires. Les poètes puisent leur inspiration dans les œuvres antiques et les légendes celtiques. Ils forment des couples encore célèbres aujourd’hui, tels que Lancelot et Guenièvre qui se rencontrent à la fin d’une série d’épreuves chevaleresques ou encore l’amour adultère funeste de Tristan et Iseult, respectivement neveu et femme du roi. Moins connu, le destin tragique de Pyrame et Thisbé inspirera Roméo et Juliette à William Shakespeare. Variante littéraire de la canso, la tenso aborde des sujets plus larges (il peut être question d’amour, comme dans la canso, mais aussi de politique, d’idées générales ou de sentiments personnels) et se présente généralement sous la forme d’un dialogue, d’une discussion, d’un débat. La tenso est composée d’une série de couplets, de même structure, correspondant chacun à une réplique et généralement suivis d’un envoi. Destinée à être chantée, elle était souvent accompagnée d’une mélodie. Une telle conception implique qu’il n’y a pas d’amour possible dans le mariage puisque, dans la relation d’époux à épouse, le désir peut être sans cesse assouvi. Dans cette logique, la jalousie est souvent perçue comme une vertu dans la mesure où elle découle de cette insatisfaction fondamentale et stimule par là même le désir. À une époque où la misogynie d’hommes de guerre laisse peu de place à l’être féminin, certains individus instruits choisissent de renverser l’ordre établi et entreprennent l’éloge des femmes.
Lamour Courtois Inspire La Poésie
Afin que l’amant ne puisse pas user de son pouvoir pour soumettre sa belle, celle-ci est souvent d’un rang social supérieur à celui du chevalier. Toujours selon Duby, la femme des classes inférieures sert toujours de défouloir sexuel à ces jeunes nobles qui ne vouent un respect sans borne qu’à une seule femme, idéal de leur quête personnelle. L’amour courtois, n’améliore donc le sort que de quelques rares élues, laissant la majorité des autres femmes en proie aux hasards de leur condition. En littérature, l’amour courtois se développe dans des textes poétiques lyriques chantés pour distraire les seigneurs et leur cour.
Quel est l’autre nom de l’amour courtois ?
L’amour courtois ou fin’amor d’après l’occitan, est une expression désignant au Moyen Âge la façon d’aimer avec courtoisie, respect et honnêteté, sa ou son partenaire, dans le but commun d’atteindre la joie (joï en occitan) et le bonheur.
Cristina Noacco, maître de conférences en Littérature médiévale à l’Université Toulouse Jean Jaurès, nous conte certaines de ces histoires d’amour. Chrétien de Troyes, Perceval le GalloisComposées de 1160 à 1183, les œuvres de Chrétien de Troyes fournissent l’un des meilleurs témoignages de la littérature courtoise française. Tristan et IseutNe pouvant être assouvi facilement, l’amour courtois engendre diverses réactions, le plus souvent paradoxales. L’amant doit tout offrir sans ne jamais rien attendre en retour ; toute la grandeur de son amour réside dans cette renonciation. Si au terme de plusieurs souffrances le preux a enfin convaincu la belle de la pureté de son sentiment, elle pourra alors lui témoigner une affection toute platonique. Ce n’est que lorsque cette frontière de la réciprocité sera franchie que les deux amants se livreront au partage de sentiments sans toutefois pouvoir consommer charnellement les émois de leur cœur. L’amour courtois est également appelé fin’amor en langue occitane. Si ces termes renvoient aux XIIe et XIIIesiècles, c’est l’historien Gaston Paris qui emploie pour la première fois cette expression en 1883. La définition de la fin’amor change en même temps que le genre littéraire des textes, passant de la poésie aux romans courtois . Meinloh von Sevelingen, « Qui servira des femmes nobles », XIIe siècle, trad.
Auteur
Les médiévistes ont noté l’influence sur les troubadours du zejal, la poésie érotique arabo-andalouse. Guillaume y aurait été initié en captivité, si l’on en croit l’hypothèse avancée par certains historiens selon laquelle il aurait été détenu par les sarrasins pendant plusieurs mois. Ses geôliers lui ont-ils parlé de la princesse omeyyade Ouallada, qui tenait à Cordoue un salon littéraire où se pressaient poètes et amoureux? C’est sans doute de cette expérience qu’il aurait rapporté la notion de joy, le bonheur absolu surgissant, au terme d’une longue cour, d’un désir inlassablement attisé.
Enfin, il convient de noter que le pétrarquisme et la poésie précieuse du xviies. Amour courtoisL’amour courtois n’est ni libertinage, ni passion brutale, il est presque une ascèse pour le chevalier, qui doit, pour mériter la femme qu’il aime, se soumettre entièrement à elle.
Une Nouvelle Collection De Poesies Lyriques Et Courtoises Du Xve Siecle: Le Manuscrit B N Nouv Ac
Le corps lumineux et métaphysique des femmes de la fin’amor est un lointain souvenir. Comme les corps qui se transforment, l’amour non plus n’est pas éternel. L’amour courtois au Moyen Âge consiste à se comporter de belle façon avec une dame pour laquelle on éprouve du désir et des sentiments. La littérature et la poésie évoquent cet amour qui se vit hors mariage. Jaufré RudelLa canso, encore appelée grand chant courtois ou chanson courtoise, est la forme poétique la plus représentative du lyrisme courtois. Composé de 40 à 60 vers répartis en une dizaine de strophes et se terminant généralement par un envoi , la canso est un poème chanté et rimé selon de savantes combinaisons, qui parle de l’amour et des joies et des peines qui en découlent.
Quel est le paradoxe de l’amour courtois ?
Lancelot hésite quelques secondes puis monte : il choisit l’amour avant son honneur de chevalier. … Ce roman illustre le paradoxe de la fin’amor : en effet, le chevalier s’y dépasse par amour mais il se soumet aussi jusqu’à l’humiliation, ce qui est contraire à ses valeurs de chevalier.
Cependant, elle était également la cible de rumeurs allant contre cette idée courtoise de l’amour ; venant de son penchant occitan, la fin’amor. Chrétien de Troyes, poète français et romancier, au service de la cour de Champagne, s’empare de la tradition courtoise et la fait évoluer. Il intègre une critique de l’amour adultère et déploie la notion d’amour chevaleresque, devenant un des premiers auteurs de romans de chevalerie. Pour gagner légitimement le cœur de sa dame, le chevalier doit relever une série d’épreuves. L’amour et la dame deviennent des instruments au service de l’aventure. Depuis les légendes médiévales chantant les merveilles épiques de la cour du roi Arthur, les artistes et les nobles se languissent d’une quête d’absolu donnant un nouveau sens à leur vie. Ce sont les troubadours qui construiront, au fil des ans et des aventures, un art de chanter l’amour et un code d’honneur pour en légitimer l’expression. Les trobars (multiples formes du lyrisme de l’amour courtois) deviendront un langage à part, un langage que seuls les élus, les initiés peuvent maîtriser avec tout l’amour du monde. L’amour courtois devient peu à peu un mode de vie, il préside à tous les actes, à tous les projets, à toutes les prouesses.
Le Roman De Renart : Branche I
Une sélection personnalisée des articles de Slate tous les matins dans votre boîte mail. La codification extrême de la séduction au Moyen Âge n’a finalement pas beaucoup évolué avec le temps, comme le montre le concept de «friendzone». Mais la croyance remonte au moins aux Vies des plus célèbres et anciens poètes provençaux de Jean de Nostredame . Le carnet d’EMMA présente l’actualité des recherches autour des émotions médiévales. Nagy (dir.), Le Sujet des émotions au Moyen Âge, Beauchesne, 2008, p. 292.
Quelles sont les valeurs de l’amour courtois ?
L’amour courtois est un idéal de sentiments et de comportement à une époque du Moyen Âge. Il influera fortement le cadre de vie de l’aristocratie. Les principes de ce courant sont : courtoisie, loyauté, fidélité, amour.
L’amour se retrouve dans les textes mystiques rédigés en latin et en prose. Les langues vernaculaires et les vers utilisés dans les poèmes et dans les romans courtois ne sont pas adaptés aux vérités suprêmes. Pourtant, entre troubadours, trouvères, romanciers et mystiques, les idées circulent, la frontière entre les genres n’est pas nette et la notion d’amour n’est pas cloisonnée. L’amour est au cœur des premiers poèmes en langue d’oc signés par les troubadours au XIIe siècle. D’abord poétique, l’amour deviendra épique, mystique, scientifique et critique au fil du Moyen Âge. Certains motifs influencent encore notre vision de l’amour aujourd’hui.
L’amour Courtoismichel Rousse
Point d’amour sans haine, c’est aussi une réalité vive du Moyen Âge. L’amour courtois est une conception de l’amour d’un homme pour une femme qui est née au xiies., dans le midi de la France, avec les troubadours occitans, et qui s’est éteinte dans la seconde moitié du xiiies. Elle s’est développée ensuite dans le Nord, avec les trouvères, ainsi que dans d’autres pays d’Europe, notamment germaniques, avec les minnesänger. Est créée en 1883 par Gaston Paris, spécialiste de la littérature médiévale. Cependant, les plus anciens exemples d’amour courtois sont dans les chansons de troubadour de Guillaume IX d’Aquitaine, soit vers le début du XIe siècle. Cet amour courtois se retrouve en poésie et dans des romans courtois.
Il peut être défini comme une liaison extraconjugale entre une dame mariée et un amoureux qui se dépasse pour obtenir les faveurs de sa bien-aimée. Il s’agit d’un type d’amour très présent dans la littérature médiévale des XIIe et XIIIesiècles, des poèmes lyriques occitans aux romans arthuriens. Devenu un cliché du Moyen Âge imaginaire, car jamais établi dans la réalité de cette époque, l’amour courtois désigne une façon courtoise d’aimer. C’est un lien qui pousse le chevalier à réaliser des prouesses pour sa Dame, ce sont des sentiments nobles, pleins de respect et d’honnêteté. Ces caractéristiques et ce modèle de l’amour courtois viennent de Chrétien de Troyes, et du lien qui unit Guenièvre et Lancelot dans Le Chevalier à la charrette. Ainsi les chansons deviendront des romans courtois sur la fin du XIIe et ensuite le XIIIe siècle. Roman de la RoseÀ partir du xiies., la conception de l’amour courtois inspire la poésie lyrique en territoire de langue d’oc, et c’est chez les troubadours du Midi de la France que la fin’amor trouve son expression la plus spécifique, avec la chanson courtoise. Le mariage, en 1137, d’Aliénor d’Aquitaine, petite-fille du troubadour Guillaume IX, avec Louis VII joue un rôle important dans cette diffusion. Ses filles savent à leur tour perpétuer la tradition, notamment Marie de Champagne, qui s’impose comme une figure emblématique de la dame courtoise. Cependant, dans ses autres romans, Chrétien repousse l’idéologie de l’amour adultère et s’efforce de concilier l’éthique courtoise et le mariage.
L’amour Courtois
En Occitanie, au tout début du XIIe siècle, Guillaume IX, duc d’Aquitaine, est un grand seigneur. Il est tapageur, multiplie les maîtresses, fait des farces et éructe des chansons grossières. Il est aussi un poète et le premier des troubadours, ces aristocrates chanteurs qui déclament en langue d’oc une poésie amoureuse sensuelle et exigeante. À la fin du Moyen Âge, l’amour relaté par le grand chant courtois est entièrement démystifié. La belle dame sans mercy, poème rédigé par Alain Chartier en 1424, ignore même la complainte du poète qui souffre pour elle. L’importance accordée au désir explique encore que l’amour courtois se porte généralement vers un objet défendu et penche donc volontiers vers l’adultère, la dame convoitée étant bien souvent l’épouse d’un autre. Un tel amour est donc généralement conçu dans le secret, tout comme le nom de la dame, qui est donné dans un senhal, c’est-à-dire un nom codé, tandis que les lauzengiers et les gelos perfides surveillent l’amant pour le dénoncer au mari. La relation amoureuse est régie par un véritable code du « savoir aimer ». La fin’amor (« amour parfait ») désigne plus précisément une religion de l’amour.
On rit de l’amour plutôt que de le magnifier et de l’idéaliser. La réalité n’est plus enjolivée mais montrée dans ses facettes ordinaires et critiquée. Cet amour était un sentiment chanté plutôt que vécu, il faisait miroiter l’évocation palpitante d’un amour total. L’exaltation de cette passion se retrouve dans des poèmes comme celui de Tristan et Yseult, exemple d’un amour absolu qui consume les amants jusqu’à la mort. Apparaît dans les petites cours seigneuriales du midi de la France un nouveau thème littéraire qui donne naissance à la célébration de l’art d’aimer et qui procède de la mise en œuvre par le troubadour du trobar, c’est-à-dire de l’art de « trouver » en matière de poésie. Si la courtoisie est un phénomène de civilisation, la doctrine amoureuse qui l’accompagne, contraire aux enseignements de l’Église et très éloignée des usages de l’époque, doit avant tout être comprise comme un jeu littéraire. Certes, cette perle à chérir doit présenter des caractéristiques spécifiques. La dame qui habitera le cœur du chevalier ne peut être de basse extraction. Sa condition ne peut forcément qu’être supérieure à celle de l’amoureux transi.
Damien Boquet Et Didier Lett Dir , le Genre Des Émotions, Clio Femmes, Genre, Histoire, N°47
Depuis Rachel et Ross dans Friends, on croise sans cesse ce type de relations au cinéma, dans les romans, et surtout dans les séries. La fin’amor signifie «amour pur» en occitan ; on l’appelle aussi «amour courtois» en référence à la courtoisie, un idéal de la vie de cour au Moyen Âge et un code de politesse et de galanterie. La frontière ne se situe pas entre le privé et le public, le sensible et le rationnel, l’intime et le social mais entre l’intus et le foris, à savoir l’intérieur et l’extérieur, le charnel et le spirituel, le noble et le vulgaire, le même et l’autre. C’est aussi pourquoi l’amour entre les hommes et les femmes, l’amour entre le vassal et son seigneur, l’amour entre chrétiens, n’existe qu’au prix de la détestation des amours contre nature, au prix de la haine de l’hérétique et du païen.
Illustrée par des troubadours comme Guillaume IX d’Aquitaine, Jaufré Rudel, Bernard de Ventadour, Bertran de Born, la canso reprend le modèle traditionnel de la courtoisie et célèbre l’amour idéal d’un soupirant pour une dame riche de beauté et de vertus, et théoriquement inaccessible. Alain Chartier, la Belle Dame sans merciMais, à côté de ces œuvres encore solides, on sombre parfois dans la mièvrerie du roman idyllique ou dans la grandiloquence des romans de chevalerie dont la mode survit jusqu’au xvies. Toutefois, aux xive et xves., la tradition courtoise est encore très présente et inspire de nombreux poètes, notamment Guillaume de Machaut, Eustache Deschamps, Alain Chartier , François Villon et Charles d’Orléans.
Tristan Et Iseult
Il oppose ainsi ses héros à Tristan et Iseut et exalte la force vivifiante de l’amour dans le mariage, voie qui n’est pas sans danger, mais ascèse qui donne accès pour l’homme comme pour la femme à un dépassement de soi. L’égalité des époux remplace la souveraineté de la dame et l’amour exalte la prouesse ; il éveille chacun des amants au souci des autres et doit mener toute la société à la joie, qui est accord, paix et justice. De tout temps, les écrivains furent poussés à chanter l’amour, à exalter l’union des cœurs qui se cherchent…
L’histoire Juniors
L’amour courtois, également appelé fin’amor, se développe en France aux XIIe et XIIIesiècles.
On continue d’exploiter la matière de Bretagne dans les romans de la Table ronde ou dans le Lancelot en prose. Gautier d’Arras utilise des thèmes gréco-byzantins dans son Éracles. La première partie du Roman de la Rose est un véritable exposé de l’art d’aimer courtois. L’amour courtois repose essentiellement sur la notion de désir qui, ici, se confond entièrement avec l’amour. Et, puisque le désir disparaît quand il est assouvi, l’amour, pour perdurer, doit être difficile à satisfaire. Cela explique la position de supériorité de la dame, qui doit toujours paraître insaisissable sans pour autant rester totalement inaccessible (car l’amour courtois n’est pas un amour platonique). Dès la puberté, le désir de trouver une dame à laquelle rendre ses hommages pour l’éternité devient la priorité de chaque jeune homme. L’idéal chevaleresque porté aux nues par les premiers troubadours et par les récits oraux des exploits de la Table Ronde font rêver des milliers d’apprentis écuyers.
Ce type de liaison entre une dame mariée et un amoureux, très présent dans la littérature des XIIe et XIIIe siècles, ne renverse pas vraiment la hiérarchie entre les sexes. Quand il succède à son père, à l’âge de 15 ans, Guillaume possède un territoire plus étendu que celui du roi de France. Mais gérer ses domaines intéresse bien moins le damoiseau que de composer des vers et courir après les jouvencelles. Il se marie à Ermengarde d’Anjou, puis à Filipa, veuve du roi d’Aragon et fille du duc de Toulouse, collectionne les amantes et invente le trobar, l’art de versifier. » Chronique de l’abbaye de Westminster, 1391 (cité dans A. Bray, The Friend, The Un. of Chicago Press, 2003, p. 18-19). Dans la seconde moitié du XIIème siècle, les poèmes des troubadours sont adaptés par les trouvères, poètes du nord de la France qui les rédigent en langue d’oïl. Cette conception de l’amour transpose, dans le domaine des rapports d’homme à femme, les idées de soumission, de mérite et de générosité sur lesquelles repose l’exercice de la chevalerie.
Paroles De Troubadours
Pour la petite histoire, les femmes et maîtresses de Guillaume ont, à un moment ou à un autre de leur vie, été attirées par Robert. Afin de sauver leur âme, elles se sont rendues dans l’une des communautés abbatiales fondées par ce dernier. «Friendzoner» consiste à «zoner» dans un espace intermédiaire, ventre mou des sentiments, où sont relégués les amoureux et amoureuses lorsque l’être aimé leur fait comprendre que ça ne va pas être possible. Au lieu d’amant ou d’amante, on devient le ou la pote-hyper-sympa-avec-qui-il-ne-se-passera-rien.
Chrétien de Troyes est également un auteur du cycle arthurien, qui raconte la légende du roi Arthur. Ses romans sont versifiés, liés à la chanson de geste tout en s’écartant de modèle. Les poèmes de Chrétien de Troyestémoignent de l’influence de la poésie lyrique des troubadours dans la naissance de la fin’amor. Son poème Amors tençon et bataille expose notamment l‘opposition entre l’amour ressenti et la raison. Ce terme désigne également un sentiment d’amour pur qu’un homme peut ressentir pour une dame, lequel engendre une profonde dévotion et une très grande fidélité. Ce sentiment est éprouvé envers une dame qui n’est pas son épouse ; il s’agit donc d’un amour chaste et inassouvi. L‘amour courtois est un amour pur, chaste ressenti par un chevalier pour une dame noble. Le troubadour n’a de cesse de se plaindre auprès d’elle de la patience qu’elle lui réclame et, n’ayant d’autre choix, lui dit la confiance qu’il met en sa sagesse amoureuse. Son exaltation ne lui fait pas oublier l’assouvissement de son plaisir.
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